Cotonou, capitale d’un football africain qui veut mieux se gouverner

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Du 2 au 4 juin 2025, la Confédération Africaine de Football a réuni à Cotonou les secrétaires généraux et directeurs financiers de 17 fédérations nationales qui ont planché sur la gouvernance, les finances et les réformes. Une ambition discrète mais fondamentale : doter le continent de structures solides, durables, et souveraines.

Pendant trois jours, dans un hôtel de Cotonou transformé en centre névralgique de réflexion, la CAF a poursuivi son travail en profondeur : celui qui ne se voit pas encore dans les tribunes, mais qui peut transformer le football africain durablement.

C’est la quatrième édition de l’atelier Gouvernance et Finances, mais celle-ci a une portée symbolique : elle marque la participation complète des 54 Associations Membres du continent. Une réussite logistique, mais surtout politique, que la CAF inscrit dans sa grande réforme structurelle initiée par le président Dr Patrice Motsepe. Sa ligne directrice : que les performances du football africain ne soient plus freinées par des faiblesses internes, mais soutenues par des institutions solides, éthiques et autonomes.

Former ceux qui tiennent les rouages

Conduit par la Division des Associations Membres, en partenariat avec la direction des Affaires juridiques, l’atelier de Cotonou a pris des allures de session de formation intensive. Au programme : gouvernance institutionnelle, procédures financières, statuts-types, cartographie des risques, contrôle interne, politique de transparence... Le menu est dense, mais l’objectif est clair : outiller les décideurs techniques, souvent éloignés de la lumière médiatique, mais centraux dans l’édifice.

« Il n’y a pas de développement possible sans des structures solides », insiste Sarah Mukuna, Directrice de la Division des Associations Membres de la CAF. « Ces ateliers permettent aux administrateurs de mieux cerner leurs responsabilités, leurs marges d’action, et les cadres éthiques dans lesquels ils doivent évoluer. Il s’agit de bâtir des institutions fortes, à tous les niveaux du football africain. »

Des voix locales pour un changement global

Claude Paqui, Secrétaire général de la Fédération béninoise, pays hôte, salue une « initiative remarquable » : « Ce type de session donne des outils concrets pour mieux gouverner nos fédérations. Pour certains, c’est une découverte, pour d’autres un rappel salutaire. Mais tout le monde repart renforcé. »

Même satisfaction du côté de l’Angola. Fernanda de Jesus Jama António, Secrétaire générale de la fédération, parle d’une « expérience aussi technique que transformatrice ». « Nous avons abordé les vrais sujets : les structures de gouvernance, les risques de corruption, la gestion des parties prenantes, les mécanismes de contrôle. Ce sont des discussions concrètes, nourries d’études de cas adaptées à nos contextes. »

Pascal Deto, Directeur financier de la Fédération ivoirienne, retient quant à lui la clarification des rôles au sein d’un organigramme souvent mal interprété. « Ce travail de définition des responsabilités — président, secrétaire général, directeur financier — est fondamental, notamment pour tout ce qui relève de la délégation et de la gouvernance partagée. »

Penser global, agir local

Point d’orgue de la session : la construction par chaque association d’un plan d’action personnalisé, à mettre en œuvre au retour. Car l’objectif n’est pas simplement de former, mais de transformer. Et pour cela, la CAF entend aller plus loin : dès les prochains mois, elle prévoit de déployer des ateliers similaires directement dans d'autres pays.

Une approche localisée, pour une gouvernance contextualisée. Et une manière de rappeler que, dans le vaste chantier de transformation du football africain, les talents sur le terrain ne suffiront pas. Sans structures, les élans s’épuisent. Avec elles, les ambitions trouvent enfin un socle. L’avenir du football africain se jouera aussi, et peut-être surtout, dans ces salles de travail où l’on parle statuts, éthique, responsabilité. Là où se construit, patiemment, la crédibilité du continent.