CHAN 2024 : Deux frères, deux héritages, une même ambition

Pour beaucoup de footballeurs, une convocation en sélection nationale représente l’aboutissement d’un rêve. Mais pour les jeunes espoirs ougandais Enock Ssebagala et Usama Arafat, le Championnat d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies 2024 ne se résume pas à une simple compétition : il s’inscrit dans la continuité d’un héritage familial à honorer.
Les deux joueurs, en course pour intégrer l’effectif final des Cranes, ont le football dans le sang. Avant eux, leurs frères aînés – Manko Kaweesa pour Ssebagala, et Isima Watenga pour Usama – ont déjà porté avec fierté les couleurs de l’Ouganda lors d’éditions précédentes du CHAN.
Alors que l’édition 2024, décalée à août 2025, sera co-organisée par l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie, les deux cadets entendent écrire leur propre chapitre dans l’histoire familiale et nationale.
Sur les traces de son frère : l’ascension de Ssebagala
Milieu de terrain des Vipers SC, Enock Ssebagala considère le CHAN comme une opportunité à la fois symbolique et déterminante. En 2011, son frère Manko Kaweesa participait à la toute première campagne ougandaise dans le tournoi continental, disputée au Soudan. Malgré une élimination précoce, ce moment reste marquant pour la mémoire collective du football ougandais.
« Je suis fier que mon petit frère ait été convoqué. C’est un moment fort pour notre famille, » confie Kaweesa. « Être retenu parmi plus de 40 millions d’Ougandais, c’est déjà un honneur. Le CHAN est une compétition rude – chacun y cherche un contrat pro – et cela peut changer une vie. Je lui conseille de rester discipliné, concentré et de marquer. Si l’Ouganda atteint la finale, tout le groupe attirera les regards à l’international. »
Le parcours de Ssebagala illustre la patience et la progression continue. Révélé avec NEC FC lors de leur première saison en Premier League ougandaise – conclue à une surprenante deuxième place –, il a ensuite rejoint les champions en titre, les Vipers SC. Ses performances lui ont ouvert les portes de la sélection.
S’il n’a pas disputé les éliminatoires du CHAN face au Burundi en décembre dernier, Ssebagala a tout de même connu ses débuts avec les Cranes lors d’un match amical contre la Gambie, entrant en jeu à la place de Bobosi Byaruhanga (1-1).
« Être appelé pour le CHAN, c’est une immense opportunité, une bénédiction que je dois à Dieu », affirme-t-il. « C’est un vrai accomplissement pour moi. Mon frère a été une grande source d’inspiration, et j’aimerais poursuivre ce qu’il a commencé en 2011. Je veux représenter mon pays et rendre ma famille fière. »
En concurrence avec d’autres milieux de terrain talentueux, Ssebagala garde les pieds sur terre : « Dieu est au cœur de mon parcours, mais je sais aussi que j’ai travaillé dur, écouté les entraîneurs, et toujours mis l’équipe en avant. C’est ce qui m’a permis de progresser. »
À Usama de briller à son tour
Côté couloir, c’est un autre nom qui s’apprête à faire du bruit : celui d’Usama Arafat. L’ailier de KCCA FC s’appuie lui aussi sur un exemple familial fort. Son frère aîné, le gardien de but Isima Watenga, a défendu la cage ougandaise lors du CHAN 2016 au Rwanda puis du CHAN 2018 au Maroc.
« J’ai toujours cru en Usama. Il a du talent, il est prêt. Mais maintenant, il doit se montrer au plus haut niveau », assure Watenga. « Le CHAN a changé ma vie. Il peut transformer la sienne aussi. »
Doté d’une belle vitesse et d’un jeu de percussion efficace sur son aile, Usama a déjà démontré tout son potentiel sur les pelouses nationales. Mais cette fois, il veut tracer sa propre route, loin de la ligne de but gardée autrefois par son frère. Lui, c’est en débordant, en éliminant et en centrant qu’il compte faire la différence.
Deux frères. Deux parcours. Une même mission.
Pour Enock Ssebagala comme pour Usama Arafat, le CHAN 2024 représente bien plus qu’un tremplin. C’est l’occasion de rendre hommage à ceux qui les ont précédés, d’être à la hauteur du nom qu’ils portent et, peut-être, de poser les premières pierres de leur propre héritage.