CHAN 2024 – James Kwesi Appiah sonne l’alarme : « Sans championnat, difficile d’être prêt »

Le regard fixe, le ton mesuré mais ferme, James Kwesi Appiah n’a pas cherché d’excuses à l’issue du nul concédé par le Soudan face au Congo (1-1), mardi, dans le Groupe D du CHAN TotalEnergies 2024. Si ses joueurs ont ouvert le score et longtemps tenu tête aux Congolais, ils ont fini par plier en fin de match, laissant filer deux points précieux. Pour le technicien ghanéen, le mal est profond : l’absence de championnat national a miné la préparation de son équipe.
Le Soudan a pourtant longtemps cru tenir son premier succès. Musa Hussein avait lancé les siens à la 29e minute, avec un but opportuniste, bien négocié après une mauvaise relance repoussée par le gardien Ulrick Samba. Mais en deuxième période, les corps ont semblé lâcher. Le pressing s’est effondré, les replis se sont faits plus lents, et c’est logiquement que Carly Ekongo a égalisé pour le Congo en fin de match, profitant d’un manque de marquage criant.
En conférence de presse, Appiah n’a pas cherché à maquiller les failles. « Nous n’avons pas de championnat actif actuellement. Ça se voit sur le terrain. Ce n’est pas une question de confiance, mais de condition physique. Et c’est un vrai souci. »
Privé de compétition domestique, le Soudan n’a eu droit qu’à un camp de préparation express de quatre jours avant de débarquer en Afrique de l’Est. Le manque de rythme est criant, et les conséquences multiples : blessures musculaires, trous d’air dans le jeu, pertes de lucidité dans les moments clés. « On accumule les petits bobos musculaires, et il y a un manque de discipline tactique. Mais ce n’est pas une prestation honteuse pour autant. On s’est créés plusieurs occasions. Musa Hussein a été très bon. »
L’autre chantier, plus discret mais tout aussi important, est mental. Appiah, qui connaît les exigences du haut niveau pour avoir dirigé le Ghana à la Coupe du Monde, sait que le CHAN est pour beaucoup de ses joueurs une vitrine unique. « C’est aussi une bataille psychologique. Sans compétition régulière, les joueurs arrivent ici sans repères. J’ai dû organiser beaucoup de réunions pour les préparer mentalement. Ce n’est pas simple, mais je dois continuer à les pousser, à leur faire croire en eux. »
Face au Nigeria, le 12 août, ce sera quitte ou double. Les Nigérians, battus d’entrée par le Sénégal, seront eux aussi dos au mur. Une semaine de travail attend donc le staff soudanais, avec pour priorité de remettre du carburant dans les jambes et de resserrer les lignes. « On a une semaine. Ce n’est pas énorme, mais c’est suffisant pour rectifier. Il faut corriger les détails, gommer nos faiblesses et repartir avec un plan clair. »
Appiah a également eu un mot pour saluer la performance du Congo, notamment leur seconde période beaucoup plus aboutie. « Ils ont bien joué, surtout après la pause. On ne peut sous-estimer personne à ce niveau. Ils méritent leur point. Nous, on a baissé d’intensité après le premier acte, et ça se paie. »
Pas de fatalisme pour autant. À 64 ans, Appiah conserve une foi intacte dans sa jeune équipe. Malgré les contraintes, malgré le manque de rythme, malgré l’égalisation frustrante concédée dans les derniers instants. « Le combat continue. On va se battre jusqu’au bout pour aller chercher cette qualification. »