Comment le Soudan a surpassé l’Algérie dans une bataille tactique de ténacité
Le parcours remarquable du Soudan au Championnat d’Afrique des Nations TotalEnergies (CHAN) PAMOJA 2024 s’est poursuivi avec un triomphe dramatique en quart de finale contre l’Algérie à Zanzibar, un résultat qui en a surpris plus d’un, mais qui, selon le Groupe d’Étude Technique (TSG) de la CAF, repose sur la discipline, le pragmatisme tactique et une foi inébranlable.
Michael Amenga Okoth, membre du TSG de la CAF présent au stade Amaan, a expliqué que le match nul 1-1 du Soudan suivi d’une victoire 4-2 aux tirs au but n’était pas le fruit du hasard.
«L’Algérie arrivait en tant que finaliste de la dernière édition et grand favori, mais le Soudan a brillé par sa discipline et sa croyance », a-t-il déclaré à Cafonline.com.
« Ils ont exercé un pressing sélectif, sont restés compacts et ont forcé les erreurs. Même le but contre leur camp est venu d’une pression constante et de ballons envoyés dans des zones dangereuses. »
Une stratégie pragmatique payante
L’ouverture du score du Soudan en début de seconde période est survenue dans un moment de chaos — un but contre son camp algérien après un tir de Musa Hussien repoussé.
Mais Amenga insiste sur le fait qu’il ne s’agissait pas de chance, mais bien de l’exécution d’un plan tactique clair mis en place par l’entraîneur Kwesi Appiah.
«Marquer grâce à un but contre son camp peut sembler chanceux, mais la persévérance du Soudan illustre leur stratégie pragmatique », a-t-il déclaré.
«Ils se sont organisés en bloc compact, ont fermé l’axe central à l’Algérie et ont misé sur des contres rapides. Psychologiquement, ils étaient prêts à rester dans le match quel que soit le scénario. Leur détermination après avoir pris l’avantage montrait qu’ils étaient préparés à toutes les situations.»
Cette approche a fait que le Soudan n’a jamais cherché à dominer la possession. Ils ont misé sur la résilience et l’adaptabilité, des qualités essentielles dans un tournoi à élimination directe.
Résistance sous pression
L’Algérie a réagi à la 73e minute grâce à Soufiane Bayazid, puis les Fennecs ont multiplié les assauts. Pourtant, la défense soudanaise n’a pas cédé.
«La ligne arrière du Soudan est restée solide », a noté Amenga.
«Ils ont marqué de près dans la surface, bloqué les espaces au milieu pour empêcher les rotations algériennes et ont fait preuve de patience sous la pression.»
«Ils n’ont pas paniqué, ni dégagé précipitamment — ce qui est souvent fatal aux outsiders. Ils ont fait confiance à leur structure.»
Cette maîtrise a été cruciale, l’Algérie multipliant les occasions sans parvenir à faire la différence en prolongation.
Abooja décisif aux tirs au but
Lorsque le match s’est joué aux tirs au but, le gardien Mohamed 'Abooja' Alnour Adam Saeed s’est imposé comme l’homme du moment.
En arrêtant deux tentatives algériennes, il a propulsé le Soudan en demi-finale.
« ur le plan technique, Abooja a été excellent », a expliqué Amenga.
«Il a lu les intentions des tireurs tôt, s’est déplacé avec des pas courts et maîtrisés, et a bien positionné ses mains pour détourner les tirs. »
« Son calme a gagné ses coéquipiers — lors d’une séance de tirs au but, la confiance est contagieuse, et le Soudan en avait.»
Condition physique et mentalité
Pour une équipe jouant dans un contexte national instable et sans championnat local régulier, la condition physique du Soudan a surpris.
Ils ont tenu 120 minutes face à l’une des équipes les plus intenses du tournoi.
« Ils ont maintenu leur pressing et leurs courses de récupération jusque dans les prolongations », a observé Amenga.
« Mentalement, ils ne se sont jamais relâchés, notamment en transition. L’Algérie pensait peut-être qu’ils allaient craquer, mais le Soudan est resté concentré et solide.»
Duels au milieu et avantage émotionnel
Une grande partie du match s’est jouée au milieu de terrain. L’Algérie a cherché à créer des surnombres grâce à des rotations et du jeu large, mais les milieux soudanais en position basse ont été disciplinés.
«Les milieux soudanais ont fermé les canaux centraux et obligé l’Algérie à passer par les côtés », a expliqué Amenga.
«Ensuite, le Soudan a su défendre les centres. Cet équilibre au milieu a été crucial.»
Au-delà de la tactique, le contexte national soudanais a ajouté une motivation intangible. « Les joueurs évoluent dans des conditions très difficiles chez eux », a confié Amenga.
«Cela a engendré une mentalité de 'jouer pour l’honneur'. Leur motivation émotionnelle était plus forte, cela se voyait dans leur intensité et leur discipline.»
Ce que cela signifie
La victoire du Soudan lui offre une place en demi-finale contre Madagascar à Dar es Salaam, tandis que le Maroc affrontera le Sénégal, tenant du titre, à Kampala dans l’autre demi-finale.
Pour l’Algérie, une série de dix matchs sans défaite en CHAN s’arrête de manière cruelle, tandis que la marche improbable du Soudan vers les demi-finales continue d’écrire l’une des plus belles histoires du tournoi.
