Hemed “Morocco” Suleiman (Tanzanie) : “L’objectif premier est de rester compétitifs et d’aller le plus loin possible au CHAN”

Co-organisatrice avec le Kenya et l’Ouganda du plus grand CHAN CAF TotalEnergies jamais organisé, la Tanzanie s’apprête à vivre un moment historique.
Ce tournoi est bien plus qu’une simple compétition : il représente un véritable tremplin pour le football local, une vitrine pour ses talents, et une opportunité de montrer la progression du pays sur la scène continentale.
À dix jours du coup d’envoi, Hemed « Morocco » Suleiman, sélectionneur des Taifa Stars, partage en exclusivité ses analyses, ses ambitions et son plan pour faire de cette édition un succès mémorable à domicile.
CAFonline.com : Que représente pour la Tanzanie le fait de co-organiser la plus grande édition du CHAN jamais organisée ?
Hemed « Morocco » Suleiman : Accueillir le CHAN CAF TotalEnergies avec le Kenya et l’Ouganda, c’est un tournant historique pour le football tanzanien. C’est une formidable vitrine pour nos talents locaux, qui pourront se montrer devant toute l’Afrique et même le monde. Ce tournoi a déjà accéléré les investissements dans les infrastructures et les programmes de développement — un impact qui va bien au-delà du simple événement. CHAN, c’est un véritable moteur pour faire grandir notre football : améliorer les installations, attirer l’attention des médias, susciter l’engouement du public. Cela donne aussi une expérience précieuse à nos entraîneurs et staff. C’est une marque de confiance envers notre projet sportif, et nous en mesurons pleinement la responsabilité.
Votre groupe comprend des équipes émergentes comme le Burkina Faso, la Mauritanie, la République centrafricaine et Madagascar. Comment évaluez-vous vos adversaires ?
Nous avons beaucoup de respect pour tous nos adversaires. Ce sont des équipes talentueuses, bien organisées tactiquement. Dans le football moderne, surtout au CHAN, il n’y a pas de match facile. On a étudié leurs dernières performances, ils apportent énergie et qualité de jeu. Nous sommes concentrés sur une préparation rigoureuse et prenons chaque adversaire au sérieux. Chaque rencontre exigera concentration et discipline. Nous croyons en nos forces, mais rien ne sera acquis d’avance. C’est un groupe compétitif, et nous nous y préparons en conséquence.
Quel est votre objectif principal pour ce CHAN ? La réussite immédiate ou le développement à long terme ?
L’objectif premier est de rester compétitifs et d’aller le plus loin possible. Mais il est tout aussi essentiel de bâtir des bases solides pour l’avenir. Le CHAN met en lumière les joueurs locaux, ce qui nous permet de détecter les talents pour l’équipe nationale à long terme. Nous devons conjuguer résultats sportifs et stratégie de développement. Nos joueurs des clubs Simba et Yanga ont déjà prouvé qu’ils pouvaient rivaliser au plus haut niveau africain. Ce tournoi est leur chance de s’imposer au niveau national. Atteindre la phase à élimination directe serait un exploit, mais repérer des joueurs capables de devenir des cadres des Taifa Stars est tout aussi important.
Où en sont vos joueurs, physiquement et mentalement, à l’approche de la compétition ?
Nos joueurs viennent d’une saison nationale longue et exigeante. La Premier League tanzanienne est très compétitive, et la participation de nos clubs aux compétitions CAF leur a donné une bonne condition physique et un mental solide. Maintenant, il faut maintenir cette forme et arriver frais au tournoi. Mentalement, nos joueurs sont réputés pour leur résilience et leur concentration, un état d’esprit bien présent dans ce groupe. Nous avons géré les contraintes de calendrier, les déplacements et la pression, ce qui nous prépare bien. Nous avons aussi mis en place un accompagnement pour la récupération mentale. Cette équipe repose sur le caractère et la confiance, nos plus grandes forces.
Quels sont selon vous les points forts de votre équipe pour ce CHAN ?
Nous avons un groupe équilibré, mais notre organisation défensive fait la différence. Nous disposons d’une arrière-garde expérimentée et solide, consciente des exigences du haut niveau. Au milieu, un bon mélange d’énergie, de vision et de discipline nous permet de maîtriser le rythme du jeu. L’attaque est encore en construction, mais on a déjà vu de belles choses. Le leadership au sein du groupe est aussi un atout majeur, avec plusieurs joueurs qui apportent maturité et professionnalisme. Bien sûr, le football se joue sur le terrain, mais notre esprit collectif reste notre plus grande force.
En quoi le fait d’accueillir le tournoi a-t-il amélioré votre préparation et vos infrastructures ?
Être hôte a accéléré les progrès sur le plan des infrastructures et de la logistique. Nous avons désormais accès à de meilleurs terrains d’entraînement, des stades modernisés, et du matériel médical et physique amélioré. Les autorités locales et la fédération nous ont soutenus pour l’organisation des déplacements, hébergements et la préparation alimentaire. La coordination avec les clubs a permis de garantir la disponibilité des joueurs et d’avoir plus de temps pour bâtir la cohésion et affiner nos plans tactiques. Cette préparation de haut niveau fixe un nouveau standard et témoigne de notre sérieux. La réussite commence par une bonne organisation, et nous sommes confiants.
Comment jugez-vous le niveau des talents issus de la Premier League tanzanienne ?
La Premier League tanzanienne continue de révéler de jeunes talents prometteurs, et son niveau progresse rapidement. Les clubs Simba, Yanga et Azam imposent des standards élevés en matière d’entraînement, de professionnalisme et de tactique, ce qui profite directement à la sélection. Au CHAN, réservé aux joueurs locaux, cela fait toute la différence. On observe de plus en plus de jeunes techniquement et physiquement accomplis, dont certains commencent à attirer l’attention à l’étranger. Nos recruteurs suivent de près le championnat et apprécient la détermination et la discipline de ces étoiles montantes. Il reste du travail à faire sur la formation des jeunes et l’éducation des entraîneurs, mais la tendance est très encourageante.
Quelle a été la réaction des supporters de Dar es Salaam à l’annonce de la co-organisation du CHAN ?
L’accueil des supporters a été extrêmement positif et très chaleureux. Il y a une grande fierté à organiser un tournoi de cette envergure. La ville s’est saisie de l’événement avec enthousiasme, et l’intérêt pour nos entraînements ne cesse de croître. Le soutien des clubs Simba et Yanga, qui mettent leur rivalité de côté pour encourager l’équipe nationale, est remarquable. On sent une vraie ferveur autour du football. Nous n’oublions pas non plus Zanzibar : beaucoup de joueurs viennent de là-bas, et nous voulons faire honneur à la fois à la Tanzanie continentale et à l’archipel.
Pensez-vous que la Tanzanie peut améliorer ses performances passées au CHAN ?
Absolument. Nous sommes convaincus que c’est notre meilleure chance. La Tanzanie a participé trois fois au CHAN — en 2009, 2011 et 2020 — mais n’a jamais franchi la phase de groupes. Chaque édition nous a enseigné quelque chose. Cette fois, en tant qu’hôtes, nous bénéficions du soutien du public et d’une préparation plus solide. Nos meilleurs clubs, Yanga et Simba, jouent régulièrement les compétitions continentales, et cette sélection est plus expérimentée, mieux organisée et plus forte mentalement. Nous ne sous-estimons personne, mais nous croyons en la capacité de cette équipe à écrire l’histoire et à rendre fière la nation.
Quelle est votre vision à long terme pour ces joueurs locaux après le CHAN ?
Notre ambition est de leur offrir une vitrine pour attirer des opportunités à l’international et commencer à construire une équipe compétitive pour la CAN 2027, que nous accueillerons également avec fierté. Le CHAN est une occasion en or pour nos joueurs de se montrer devant les recruteurs, et nous sommes certains que certains susciteront l’intérêt à l’étranger. Cette visibilité est cruciale pour leur carrière et pour la reconnaissance du football tanzanien. Parallèlement, nous voulons bâtir une équipe stable, professionnelle, prête à rivaliser lors de la CAN 2027. Les joueurs qui réussiront ici formeront l’ossature de notre futur.