Les fan zones pleines à craquer, grandes gagnantes du CHAN et symbole de la soif de football local en Afrique de l’Est
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Le Championnat d’Afrique des Nations TotalEnergies (CHAN) PAMOJA 2024 a été autant une affaire de supporters que de football. Tandis que les stades de Nairobi, Dar es Salaam et Kampala affichaient complet, les fan zones installées à travers l’Afrique de l’Est se sont imposées comme un symbole vibrant du regain d’amour de la région pour le football local et continental.
Cette compétition de quatre semaines a été une célébration de l’unité, de la passion et de l’identité à travers toute l’Afrique de l’Est.
Des stades rugissants aux fan zones en effervescence, la compétition a suscité un engouement pour le football local et africain jamais vu dans la région depuis des décennies.
Même après l’élimination des trois co-organisateurs — le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda — en quarts de finale, leurs supporters ont continué à se rassembler par milliers devant les écrans géants installés dans les villes, villages et zones côtières, transformant les espaces publics en mini-stades avec une ambiance comparable à celle des enceintes sportives.

Les fan zones deviennent des épicentres culturels
Du centre-ville animé de Nairobi à l’amphithéâtre aéré au bord du lac Victoria à Homabay, les fan zones sont devenues des épicentres culturels.
Rien qu’à Nairobi, treize zones ont été installées, attirant familles, étudiants et travailleurs, qui se retrouvaient après le travail pour suivre les matchs sur écran géant.
«C’est mieux que de regarder seul à la maison. L’énergie ici est électrique. On sent qu’on fait partie de quelque chose de grand», a confié un supporter dans la populaire fan zone des Archives Nationales du Kenya.
Nicholas Musonye, président du Comité Local d’Organisation du CHAN TotalEnergies 2024, a salué le succès de cette initiative : « C’était une idée brillante pour que tous les Kényans se sentent concernés par la compétition. C’est un immense succès, et ceux qui n’ont pas eu la chance d’obtenir des billets vivent désormais la même passion que ceux dans les stades.»

L’ambiance n’était pas limitée au Kenya. À Dar es Salaam et Kampala, les fan parks ont attiré d’immenses foules, alors que les supporters des Taifa Stars et des Cranes encourageaient ardemment leurs équipes.
Musique, danse et stands de nourriture ont transformé ces rassemblements en véritables festivals, renforçant l’image du CHAN 2024 comme un événement à la fois sportif et culturel.
Les hôtes échouent, mais laissent un héritage
Sur le terrain, les nations co-organisatrices ont marqué l’histoire en atteignant ensemble les quarts de finale pour la première fois dans une compétition de la CAF. Le Kenya, qui disputait son tout premier CHAN, a terminé en tête de son groupe en battant le Maroc (double champion) et la Zambie. Leur parcours féerique s’est arrêté en quart de finale face à Madagascar, vainqueur aux tirs au but après un match nul 1-1 au stade Moi International Sports Centre plein à craquer.
La Tanzanie a également atteint son tout premier quart de finale en CHAN, portée par une phase de groupes sans défaite. À Dar es Salaam, son rêve a été brisé par le Maroc, vainqueur 1-0 grâce à une finition clinique d’Oussama Lamlaoui. Malgré la défaite, la solidité défensive de la Tanzanie et le soutien bruyant du public au stade Benjamin Mkapa ont apporté une nouvelle fierté footballistique au pays.

L’Ouganda, de son côté, a réalisé sa meilleure campagne en CHAN, en terminant en tête d’un groupe qui comprenait l’Algérie et l’Afrique du Sud. En quart de finale, les Cranes ont poussé les champions en titre sénégalais dans leurs retranchements devant 35 000 spectateurs au stade national Mandela.
Les Cranes ont eu plus de possession et d’occasions, mais ont été punis par un but décisif d’Oumar Ba à la 62e minute.
Même si les trois hôtes ont quitté la compétition avant les demi-finales, leur performance collective — et l’atmosphère qu’ils ont suscitée — est considérée comme un tournant majeur pour le football en Afrique de l’Est.

Un tournoi au-delà des Stades
La véritable histoire du CHAN 2024 pourrait bien être la manière dont il a conquis les cœurs au-delà des tribunes. Des fan zones de Mombasa à Kisumu sont devenues des espaces où des inconnus se sont unis à travers chants, tambours et vuvuzelas.
La gouverneure de Homabay, Gladys Wanga, a résumé ainsi la situation : « La plupart de nos habitants ne pouvaient pas aller à Nairobi pour voir les matchs, alors nous nous sommes dit : pourquoi ne pas leur donner cette chance ici ? Les gens sont vibrants et soutiennent l’équipe comme s’ils étaient à Kasarani.»

Même dans la défaite, le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda laissent un héritage assuré : ils ont démontré leur progression footballistique sur le terrain, tandis qu’en dehors, leurs supporters ont prouvé que l’Afrique de l’Est a la passion et les infrastructures nécessaires pour accueillir le football continental à grande échelle.
À l’approche des demi-finales, qui réunissent le Maroc, le Sénégal, le Soudan et Madagascar, les fan parks restent bondés — preuve que le CHAN PAMOJA 2024 a déjà remporté l’une de ses plus grandes victoires : déclencher une nouvelle ère d’enthousiasme pour le football en Afrique de l’Est.