Afrique du Sud – Ghana : les Banyana Banyana face au piège ghanéen

Il y a des matches qui sentent la poudre dès le coup d’envoi. Celui de ce lundi 7 juillet (17h00 locales) entre l’Afrique du Sud et le Ghana, en ouverture du Groupe C de la CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024, en est un. Championnes d’Afrique en titre, les Banyana Banyana entrent dans l’arène avec une cible dans le dos. C’est le sort des reines : elles ne chassent plus, elles sont chassées.
En face, les Black Queens reviennent dans la compétition après sept ans d’absence. Depuis 2018, année de leur dernière apparition sur la scène continentale (elles étaient hôtes), beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Trop, sans doute, pour une sélection à l’identité forte, longtemps présentée comme une place forte du foot féminin africain. Cette CAN marocaine sonne donc comme une tentative de reconquête.
L’Afrique du Sud, dans la continuité
La dernière fois que les Sud-Africaines ont foulé un terrain de CAN, c’était à Rabat, en juillet 2022, au moment de soulever leur premier trophée continental après une finale accrochée contre le Maroc (2-1). Ce sacre était l’aboutissement d’un long chemin semé de finales perdues : 2000 à domicile, 2008, 2012, 2018 au Ghana… autant d’occasions manquées face au Nigeria ou à la Guinée équatoriale.
Désormais, il faut confirmer. « Nous sommes ici comme toutes les autres équipes, avec la volonté de gagner, insiste la sélectionneuse Desiree Ellis. En trois ans, le paysage a évolué. Il ne faut sous-estimer personne. Nous sommes prétendantes, mais nous ne sommes pas les seules. »
Ellis sait de quoi elle parle. Présente dans le groupe sud-africain depuis 1993, cadre de la sélection lors du tout premier match international (9-0 contre l’Eswatini), elle incarne l’ADN des Banyana Banyana. Milieu de terrain respectée, puis technicienne respectée, elle attaque au Maroc sa quatrième CAN en tant que sélectionneuse.
Pour espérer conserver le trophée, elle s’appuie sur un noyau expérimenté : Jermaine Seoposenwe, Refiloe Jane, Andile Dlamini, Linda Motlhalo, Lebohang Ramalepe ou encore Noxolo Cesane. Mais aussi sur des joueuses appelées à se révéler, comme la gardienne Ronnel Donnelly, vue en Ligue des champions féminine avec l’Université de Western Cape.
Jane, capitaine de retour après une blessure, ne cache pas l’ambition du groupe : « Le premier match est toujours délicat, mais une victoire d’entrée peut nous donner l’élan. On connaît la qualité du Ghana. On ne les prend pas à la légère. »
La chaleur marocaine, plus intense qu’en 2022, ne devrait pas être un frein : « On s’est adaptées, même si c’est l’hiver chez nous. On est prêtes. »
Le Ghana en quête de rédemption
Depuis sa finale perdue en 2006, le Ghana court après son passé. Pire : à domicile en 2018, les Black Queens n’ont même pas passé le premier tour. L’échec fut cuisant. Absentes en 2022, elles reviennent avec l’espoir de redorer un blason terni.
L’entrée en matière est rude. « Nous sommes les outsiders, mais nous venons pour gagner, assume la gardienne Cynthia Findiib Konlan. La pression est un privilège. On veut retrouver notre rang. Notre façon d’aborder les matches a beaucoup évolué ces derniers temps. »
Derrière ce discours volontaire, un homme : Kim Lars Björkegren, le Suédois arrivé en janvier 2025 après le départ de Nora Häuptle pour la Zambie. Il a eu le mérite d’anticiper : « On est venues tôt au Maroc pour s’acclimater. Physiquement, on est mieux qu’il y a un mois. Il y a de la profondeur dans notre effectif, et du talent. Avec un peu de rigueur scandinave, on peut faire de grandes choses ici. »
Portia Boakye, la plus capée de l’histoire du Ghana (104 sélections), est toujours là. À ses côtés, quelques repères : Grace Asantewaa, Sherifatu Sumaila, Alice Kusi. Mais l’espoir vient aussi de la jeunesse. Evelyn Badu, meilleure joueuse et buteuse de la Ligue des Champions Féminine de la CAF 2021, rêve d’un premier grand tournoi réussi. Comme Comfort Yeboah, élue dans l’équipe type du tournoi continental en 2023 à seulement 16 ans.
Un duel qui sent la poudre
L’histoire ne ment pas : Ghana – Afrique du Sud est une affiche classique de la CAN Féminine. Leur première confrontation remonte à 1998, lors de la première édition. Depuis, elles se sont croisées six fois : quatre en phase de groupes, deux en demi-finales, une en match pour la 3e place.
Avantage Ghana : 4 victoires contre 2 pour l’Afrique du Sud et un nul. Plus encore, le Ghana est la nation que les Banyana ont affrontée le plus souvent en phase finale. Une rivalité de longue date entre Ouest et Sud.
À deux reprises, le Ghana a croisé l’Afrique du Sud lors de ses matches inauguraux… et s’est imposé à chaque fois. 4-0 en 1998, 3-0 en 2004. Deux débuts cinglants, dont le premier reste, à ce jour, l’unique défaite d’un pays hôte lors de son match d’ouverture en 12 éditions.