CAN Féminine 2024 : La Tunisienne Mariem Houij rêve encore plus grand

- Mariem Houij détient le but le plus rapide de l’histoire de la CAN Féminine CAF TotalEnergies
- Quart de finaliste en 2022, la Tunisienne veut franchir un nouveau palier dans cette compétition
- Elle évoque également son rôle au sein des Aigles de Carthage Dames
Si l’on devait résumer la carrière de Mariem Houij en un instant, ce serait sans doute celui-ci : un sprint, une frappe limpide, un but inscrit au bout de 17 secondes de jeu face au Togo lors de la CAN Féminine CAF TotalEnergies 2022, le plus rapide de l’histoire du tournoi. Une réalisation devenue virale, mais surtout le symbole d’une joueuse qui ne cesse de repousser ses limites. À 30 ans, l’attaquante tunisienne est bien plus qu’une buteuse. Elle est un pilier, un repère et une source d’inspiration pour toute une génération de jeunes filles qui rêvent de suivre ses pas.
Depuis ses débuts en sélection, Mariem Houij n’a jamais cessé de défendre les couleurs des Aigles de Carthage Dames avec détermination et passion. Dix-huit années plus tard, elle s’apprête à participer à une nouvelle Coupe d’Afrique des Nations, avec l’ambition affirmée de faire franchir un cap à son pays. Loin de se reposer sur ses lauriers, la joueuse formée à Médenine puis passée par l’Europe (notamment en Turquie et en France), continue de faire évoluer son jeu, tout en endossant un rôle de guide auprès des plus jeunes, notamment celles issues de la diaspora.
Dans cet entretien exclusif, Mariem Houij évoque ses souvenirs les plus marquants, ses ambitions pour la prochaine CAN, son attachement au maillot national, et la manière dont elle vit sa mission de transmission. Un échange sincère, à l’image d’une joueuse qui n’a jamais triché et qui rêve, encore une fois, d’inscrire son nom dans l’histoire du football féminin africain.
CAFOnline.com : Dès qu’on prononce le nom de Mariem Houij, une image revient instantanément : celle de votre but éclair, le plus rapide jamais inscrit en phase finale de la CAN Féminine. Est-ce un souvenir que l’on vous évoque encore souvent aujourd’hui ?
Mariem Houij : Ce but restera incontestablement un moment historique de ma carrière, mais aussi dans l’histoire de la CAN féminine. On continue de m’en parler, même aujourd’hui en Tunisie. C’est toujours gratifiant de constater qu’il a marqué les esprits.
Comment vous sentez-vous à l’approche de cette nouvelle CAN Féminine ?
Je poursuis ma préparation avec sérieux, malgré la fin du championnat national, car notre équipe va affronter des adversaires de renom tels que le Nigeria, l’Algérie et le Botswana. Mon objectif est de contribuer de manière positive à la performance collective, en tant qu’attaquante. Je veux marquer des buts pour valoriser notre sélection et promouvoir le football féminin tunisien.
Que représente pour vous le fait de porter le maillot de la Tunisie dans une compétition aussi prestigieuse ?
Porter le maillot tunisien a toujours été un rêve d’enfant. Cela fait très longtemps que je joue pour l’équipe nationale, et je ressens toujours une immense fierté à chaque rassemblement. Participer à des compétitions continentales et y inscrire des buts est un privilège. Ce sentiment est unique, il se renouvelle et s’intensifie à chaque occasion.
Comment avez-vous préparé mentalement et physiquement ce tournoi ?
Je consacre ces deux mois à une préparation physique optimale pour être au meilleur de ma forme. Sur le plan mental, l’écoute de l’hymne national tunisien suffit à me galvaniser. Cela me donne l’énergie et la motivation nécessaires pour défendre nos couleurs avec détermination.
La Tunisie est dans le Groupe B avec le Nigeria, l’Algérie et le Botswana. Quelles sont vos impressions sur ce groupe ?
Le Nigeria reste l’équipe la plus titrée de la CAN féminine. Lors de la dernière édition, elle a été éliminée en demi-finale par le pays hôte, le Maroc. L’an dernier, nous avons battu le Botswana en match amical à Tunis. Quant à l’Algérie, bien que son style soit similaire au nôtre, nous avons remporté nos deux confrontations face à elle. Cela dit, un match officiel est totalement différent d’un amical. Notre staff technique analyse minutieusement chaque adversaire afin de bien préparer nos rencontres.
Quels sont les objectifs de la sélection tunisienne pour cette CAN ?
Nous visons une prestation de qualité et souhaitons atteindre les phases finales. Lors de la dernière édition, nous avons accédé au second tour, après une absence de douze ans en CAN, avant d’être éliminées par l’Afrique du Sud, tenante du titre. Ce fut un cap important. Aujourd’hui, nous voulons aller plus loin et faire honneur à notre pays.
Quels sont les points forts de votre équipe selon vous ?
Il est difficile de dévoiler nos atouts spécifiques, mais ce qui nous distingue réellement, c’est notre solidarité, notre complémentarité et l’absence de mentalité individualiste. Nous sommes un groupe uni, sans "star system", et c’est là notre plus grande force.
Quelles sont les principales leçons que vous avez tirées de votre participation à la CAN 2022 au Maroc ?
Une grande partie de l’équipe actuelle n’était pas présente en 2022, mais l’état d’esprit est resté intact. Nous cherchons à améliorer notre condition physique, car disputer six matchs en deux semaines demande une préparation rigoureuse. Notre staff technique joue un rôle crucial en affinant les aspects tactiques.
Comment jugez-vous l’évolution du football féminin en Tunisie ces dernières années ?
La fédération accorde désormais plus d’attention au football féminin. Aujourd’hui, 22 joueuses de la sélection évoluent dans des clubs professionnels. Certaines, comme moi, ont débuté en Tunisie avant de rejoindre des clubs à l’étranger, ce qui illustre bien cette progression. Il y a dix ans, seules deux ou trois joueuses jouaient hors du pays. Ce chiffre parle de lui-même.
En tant que cadre de l’équipe, sentez-vous une responsabilité particulière envers les jeunes joueuses ?
Absolument. Je me dois de les accompagner, en particulier celles qui n’ont jamais vécu en Tunisie et ne parlent pas arabe. Il est essentiel de leur rappeler la portée de notre mission et les espoirs que nous incarnons. Cette prise de conscience collective nous pousse à toujours donner le meilleur de nous-mêmes.
Quels sont vos objectifs personnels pour cette CAN ?
Je n’aborde jamais une compétition avec une logique individuelle. Mon objectif est avant tout collectif : faire briller notre équipe. En tant qu’avant-centre, mon rôle est de marquer, bien sûr, et je m’y emploie. J’aimerais rééditer le but historique inscrit lors de la dernière édition et conserver mon statut de meilleure buteuse, comme en phase qualificative où j’ai inscrit six buts en quatre matchs.
Avez-vous un modèle ou une joueuse qui vous inspire dans votre carrière ? Si oui, pourquoi ?
Aujourd’hui, le niveau dans le football féminin est globalement homogène, mais s’il y a bien une icône, c’est Marta Vieira da Silva. Elle représente une source d’inspiration pour l’ensemble de la communauté du football féminin, par son talent et sa longévité.
Quel est votre plus beau souvenir en sélection ?
Sans hésitation, mon but lors de l’édition 2022. Il reste gravé dans ma mémoire. Réaliser une telle performance en un temps aussi record est un défi en soi, et j’aimerais revivre une sensation similaire.
Si vous deviez rêver d’un scénario parfait pour cette CAN, à quoi ressemblerait-il ?
Le scénario idéal serait d’atteindre la finale. Nous avons un groupe solide, qui travaille ensemble depuis longtemps, et qui a été renforcé par de nouvelles joueuses suite au report de l’édition 2024 à 2025. Nous sommes prêtes à relever ce défi pour offrir une prestation mémorable à la Tunisie et, plus largement, à l’ensemble du continent.
Que diriez-vous à la jeune Mariem Houij qui rêvait de devenir footballeuse professionnelle ?
Je lui dirais de persévérer, de rester patiente et de ne jamais prêter attention aux propos décourageants. Seul le travail paie. Avec du courage et de la discipline, les rêves deviennent accessibles.