CAN Féminine 2024 : Le profil de l’Afrique du Sud 

Publié:

Comment l’équipe s’est qualifiée

Tenante du titre, l’Afrique du Sud s’est qualifiée pour la Coupe d’Afrique des Nations Féminine 2024 avec sérieux et maîtrise. Opposées au Burkina Faso lors du second tour des éliminatoires — les Banyana Banyana étant exemptées du premier tour en raison de leur statut — les Sud-Africaines ont d’abord dû composer avec une opposition accrocheuse à l’extérieur. À Ouagadougou, elles ont été accrochées (1-1) malgré une ouverture du score rapide, concédant l’égalisation en fin de match. Ce résultat a servi d’avertissement à l’équipe de Desiree Ellis, qui a ensuite abordé la manche retour avec plus d’intensité et de rigueur tactique.

À domicile, l’Afrique du Sud a imposé son rythme et s’est imposée logiquement 2-0 grâce à une prestation collective solide et à l’efficacité retrouvée de son duo offensif. Cette victoire leur a permis de décrocher leur billet pour le tournoi final au Maroc, où elles défendront leur couronne continentale.

 

 


Historique à la Coupe d’Afrique des Nations Féminine

L’Afrique du Sud s’impose comme l’une des nations phares du football féminin africain, grâce à une présence constante au plus haut niveau continental. Depuis leur première participation en 1995, les Banyana Banyana n’ont manqué aucune édition de la CAN Féminine. Dès leurs débuts, elles ont marqué les esprits en atteignant la finale. Ce premier exploit ouvrait une série de campagnes marquées par la constance, mais aussi par l’amertume : entre 1995 et 2018, l’Afrique du Sud a disputé cinq finales (1995, 2000, 2008, 2012 et 2018), toutes perdues, dont deux face à leur grande rivale, le Nigeria.

Cette série noire a pris fin en 2022, lors d’une édition organisée au Maroc, qui restera comme un tournant historique pour la sélection. Portées par une génération talentueuse, expérimentée et dotée d’un mental forgé par les échecs passés, les Sud-Africaines ont livré un tournoi maîtrisé de bout en bout : succès face au Nigeria en phase de groupes, victoire contre la Tunisie en quart, puis contre la Zambie en demi-finale. En finale, devant un public acquis à la cause marocaine, elles ont fait preuve de sang-froid et de réalisme pour l’emporter 2-1. Hildah Magaia, auteure d’un doublé, a offert à son pays un premier sacre continental tant attendu. Cette victoire a marqué un changement d’ère : désormais, l’Afrique du Sud ne joue plus seulement pour exister, elle joue pour gagner.


Joueuses à suivre

Jermaine Seoposenwe
Elle incarne une attaquante moderne au style complet et mobile, taillée pour les grandes compétitions comme la CAN Féminine. Son jeu se distingue par une capacité rare à alterner entre percussion directe, jeu en appui et déplacements intelligents dans les demi-espaces. Dotée d’un excellent sens du timing et d’une vraie lecture du jeu, elle excelle dans les appels en profondeur et sait faire parler sa puissance dans les un-contre-un. Mais c’est aussi une joueuse altruiste, capable de décrocher pour créer des décalages et servir ses coéquipières dans les meilleures conditions. Son activité constante sur le front de l’attaque et sa capacité à s’adapter à différents systèmes en font un atout majeur pour l’Afrique du Sud, qui comptera sur son expérience et son flair pour franchir les étapes dans cette CAN Féminine.

Hildah Magaia 
Elle s’est imposée comme l’arme fatale des Banyana Banyana depuis la dernière CAN. Véritable révélation de l’édition 2022, Hildah Magaia s’est illustrée de manière spectaculaire en finale en inscrivant un doublé contre le Maroc, offrant ainsi le premier titre continental de l’histoire à l’Afrique du Sud. Depuis ce sacre, Magaia est devenue une référence offensive sur le continent. Elle évolue aujourd’hui au Mazatlán FC, au Mexique, dans la Liga MX Femenil, où elle continue de faire parler sa précision devant le but et son aisance dans les duels. Son style est plus posé que celui de Kgatlana, mais tout aussi redoutable : excellente dans ses déplacements, lucide dans la surface, elle excelle dans le rôle de finisseuse. En plus de son instinct de buteuse, elle apporte calme et maturité dans les moments cruciaux. Pour les adversaires du Groupe C, elle sera à surveiller de très près.


La sélectionneuse

Desiree Ellis est bien plus qu’une simple entraîneuse, elle est devenue une icône du football sud-africain. En poste depuis 2016, d’abord comme intérimaire puis officiellement nommée sélectionneuse en 2018, elle a été l’artisane de la métamorphose des Banyana Banyana, les menant du statut d’outsider régulier à celui de véritable référence continentale. Sous sa direction, les progrès ont été constants et significatifs. Après avoir atteint la finale de la CAN 2018, perdue contre le Nigeria aux tirs au but, elle a su tirer les enseignements de cette défaite pour revenir plus forte en 2022, où l’Afrique du Sud a remporté son premier titre continental, en battant le Maroc en finale. Ce sacre historique est venu récompenser une vision de jeu cohérente, portée sur la discipline tactique, le pressing intelligent et l’expression technique des joueuses offensives.

Mais son impact ne s’arrête pas au continent africain. Desiree Ellis a également mené son équipe à deux phases finales de Coupe du Monde Féminine, en 2019 en France et en 2023 en Australie/Nouvelle-Zélande. Lors de cette dernière édition, les Sud-Africaines ont marqué l’histoire en atteignant les huitièmes de finale, une première pour le pays.

Quadruple lauréate du prix de la meilleure entraîneure d’une sélection féminine en Afrique aux CAF Awards (2018, 2019, 2022, 2023), elle incarne une autorité naturelle, inspirante, à la fois proche de ses joueuses et intransigeante dans ses exigences.


Ambitions et analyse du groupe

L’Afrique du Sud évoluera dans le Groupe C de la CAN Féminine 2024, aux côtés du Ghana, du Mali et de la Tanzanie. Un groupe relevé, composé de formations aux profils variés mais toutes capables de poser des problèmes. Le Ghana, d’abord, est une équipe dotée d’un socle de joueuses aguerries. Le Mali, quant à lui, affiche une belle dynamique ces dernières années, avec un effectif jeune, ambitieux et de plus en plus internationalisé, susceptible de créer la surprise. La Tanzanie complète ce groupe avec un profil de challenger en pleine évolution, qui s’appuie sur les progrès observés dans les compétitions régionales CECAFA et dans les catégories de jeunes. En tant que tenante du titre, l’Afrique du Sud assume pleinement son statut de favorite. Forte d’un effectif expérimenté, d’un encadrement technique rodé autour de Desiree Ellis, la sélection entend défendre sa couronne avec autorité.