CAN Féminine 2024 – RD Congo - Sénégal : retrouvailles à haut risque entre ambitions croisées

Ce dimanche à 15h (heure locale), le Stade El Bachir de Mohammedia sera le théâtre d’un affrontement lourd de sens et d’histoire entre la République Démocratique du Congo et le Sénégal. Une opposition entre deux sélections qui, à défaut d’être favorites de la CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024, entendent bien déjouer les pronostics dans un Groupe A relevé. Pour la République Démocratique du Congo, c’est le grand retour après douze ans d’absence ; pour le Sénégal, une confirmation attendue après une dernière édition convaincante.
Deux histoires entremêlées
Ce n’est que la deuxième fois que la RDC et le Sénégal croisent le fer dans une phase finale de la CAN Féminine. En 2012, à Malabo, les Léopards l’avaient emporté 1-0 grâce à un penalty de Lucie Nono à la 74e minute. À l’époque, ni l’une ni l’autre des deux nations n’avaient franchi le cap du premier tour, devancées par l’Afrique du Sud et la Guinée équatoriale. Douze ans plus tard, les deux équipes se retrouvent dans un contexte bien différent, mais avec une même ambition : se faire une place au soleil du football féminin africain.
Depuis ce succès congolais, la balance penche pourtant en faveur des Sénégalaises. En juillet 2024, les Lionnes de la Téranga ont remporté deux matches amicaux face à la RD Congo à Thiès (1-0, 2-0), preuve d’une dynamique inversée et d’une sélection sénégalaise de plus en plus structurée.
Hervé Happy : “On est là pour faire, pas pour essayer”
Du côté congolais, le discours est clair, assumé, sans détour. Hervé Happy, le sélectionneur des Léopards Dames, refuse toute langue de bois. « Quand je monte dans un avion, je veux un pilote qui atterrit. Je ne veux pas d’un gars qui dit ‘je vais essayer’. Moi, je ne suis pas là pour essayer, je suis là pour faire. » L’image est forte, la détermination intacte.
Pour le tacticien, cette CAN Féminine est une étape dans un processus plus large qui mène jusqu’à l’édition 2026. Mais pas question de galvauder l’instant. « La préparation a été compliquée, mais maintenant, on est là. On est dans la compétition, concentrés, prêts à faire honneur au pays. »
La RD Congo retrouve la CAN pour la quatrième fois de son histoire après 1998, 2006 et 2012. Sa meilleure performance reste la troisième place en 1998. Depuis, la sélection féminine a disparu des radars. Mais cette année, les signes de renaissance sont là, à commencer par le sacre continental du TP Mazembe en Ligue des Champions Féminine de la CAF, en novembre dernier. Une victoire en terrain marocain qui inspire toute une sélection.
Sénégal, la montée en puissance
Pour le Sénégal, cette CAN Féminine marque la troisième participation à une phase finale après 2012 et 2022. Les débuts furent laborieux : zéro point, zéro but inscrit en Guinée équatoriale il y a douze ans. Mais les progrès sont visibles. En 2022, les Lionnes de la Teranga ont franchi le premier tour, avec des victoires contre l’Ouganda (2-0) et le Burkina Faso (1-0), avant de tomber les armes à la main face au Maroc, puis contre la Zambie en quarts (1-1, 2-4 tab).
Le sélectionneur Mame Moussa Cissé, en poste depuis 2019, veut inscrire cette dynamique dans la durée. « On a appris. On connaît mieux notre équipe, mieux la compétition. Cette année, on vient avec l’envie d’écrire une nouvelle page de l’histoire du football féminin sénégalais. » L’ambition est claire : aller plus loin que le quart de finale.
Dans un groupe où figure aussi le pays hôte, le Maroc, chaque match comptera double. Barème Babou, la puissante milieu sénégalaise, le sait. « On vit bien ensemble, on est soudées. Contre la RDC, ce sera dur. On les respecte. Mais on se donnera 200%. »
Les chiffres soutiennent son propos. Le Sénégal n’a encaissé que deux buts en cinq matches lors de la CAN 2022. Et surtout, il a montré une solidité mentale et défensive qui peut faire la différence. Ndeye Awa Diakhaté avait inscrit le tout premier but sénégalais en phase finale lors du match d’ouverture face à l’Ouganda en 2022. Depuis, les Lionnes se sentent légitimes à exister dans la cour des grandes.
Sur le papier, le Sénégal semble plus structuré, plus constant. Mais la RDC a pour elle l’effet de surprise, l’intensité émotionnelle d’un retour espéré, et une génération portée par le souffle de Mazembe.