CAN Féminine : Barbra Banda, la patronne est bien présente

Sous les projecteurs d’un Stade Olympique de Rabat en fusion, le Maroc donnait le coup d’envoi de “sa” CAN Féminine. Mais dans le vacarme d’un stade comble, c’est une voix venue du sud qui a brisé le rythme. Celle de Barbra Banda. Attendue comme une star, ciblée comme une menace, parfois chahutée, l’attaquante zambienne n’a jamais baissé les yeux. Pour sa toute première apparition dans une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies, la capitaine des Copper Queens n’a pas tardé à marquer son territoire. Un but dès la première minute, un match plein, et une prestation de patronne. Le nul 2-2 concédé face au pays hôte ne reflète peut-être pas tout, mais il dit l’essentiel : Banda est là. Et elle compte bien laisser une trace.
La CAN, enfin
C’est un événement presque paradoxal. Barbra Banda, star planétaire du football féminin africain, n’avait jamais disputé la moindre minute dans une CAN Féminine.
Dès les premières minutes, la numéro 11 zambienne aimante les regards. Tout passe par elle. Positionnée en pointe, mais constamment mobile, elle harcèle la défense marocaine, s’efface pour mieux surgir, provoque le un-contre-un sans relâche. “C’est une joueuse complète, une véritable leadeuse. Sa présence donne du courage à toute l’équipe”, confiait avant le match Nora Häuplte, le sélectionneur de la Zambie.
Une égalité arrachée au courage
Face au Maroc de Jorge Vilda, poussé par un public tout acquis à sa cause, la Zambie aurait pu plier. Deux fois en tête, deux fois rejointe, malmenée dans les phases de transition, la sélection d’Afrique australe a tenu bon. Et à chaque instant clé, Banda était là.
Sur la première alerte, Banda frappe déjà. 54 secondes de jeu à peine : une transition éclair déclenchée par Margaret Belemu, une course en appui-fuite, une frappe sèche du gauche, rasante, qui va se loger dans le petit filet. La clameur du Stade Olympique est coupée nette. Le Maroc vient d’être cueilli à froid. Banda, elle, ne célèbre presque pas. Le regard est fixe, concentré. Elle sait que le combat ne fait que commencer.
Une présence, un style, un poids
Il y a quelque chose d’inévitable chez Barbra Banda. Une gravité. Elle attire le jeu, elle attire les fautes, elle attire les regards. Face au Maroc, elle a été la joueuse la plus fautée du match (5 fautes subies), et celle qui a déclenché le plus de frappes (6 tirs). Mais au-delà des statistiques, c’est son attitude qui impressionne : calme, déterminée, toujours tournée vers l’avant.
“Elle incarne parfaitement l’évolution du football féminin africain”, glissait avant le match Ireen Lungu, l’une des ses coéquipières en équipe nationale. “Elle joue à un rythme supérieur, elle force son équipe à élever son niveau.”
Une CAN pour marquer l’histoire
À 24 ans, celle qui brille désormais avec Orlando Pride en NWSL a déjà tout connu ou presque : les Jeux Olympiques, la Coupe du Monde 2023, les titres nationaux et régionaux. Mais la CAN Féminine restait une frontière. Un manque. Ce 5 juillet à Rabat, elle l’a franchie avec autorité.
Et la suite ? La Zambie affrontera le Sénégal puis la RD Congo pour espérer voir les quarts. “Nous avons encore beaucoup à améliorer, mais ce match montre que nous sommes prêtes à nous battre jusqu’au bout”, a-t-elle confié en conférence de presse d’après-match avec le trophée de Joueuse du Match TotalEnergies.
Barbra Banda n’a pas seulement signé une grande performance. Elle a marqué la CAN de son empreinte dès la première journée. Il faudra désormais compter avec elle. Surtout, pour ses adversaires, il faudra réussir à l’arrêter.