CAN Féminine – Nigeria-Tunisie : L’élan des Aigles face à la muraille verte

Dans le soleil tombant de Casablanca, le stade de Larbi Zaouli s’apprête à accueillir un choc d’ouverture du Groupe B au goût d’histoire et de revanche. Ce dimanche (17h heure locale), le Nigeria, nonuple champion d’Afrique, débute sa campagne contre la Tunisie, une sélection en plein renouvellement mais qui refuse d’aborder cette rencontre avec la posture de l’outsider.
Nigeria, l’éternel favori qui veut reprendre sa couronne
Avec neuf titres continentaux en douze éditions, les Super Falcons avancent toujours avec le poids glorieux de leur palmarès. Mais si les chiffres parlent d’eux-mêmes — 176 buts marqués en 61 matches à la CAN, 45 victoires et seulement 7 défaites —, les certitudes d’hier ont laissé place à des signaux plus nuancés.
En effet, les Nigérianes ont perdu leurs deux derniers matches d’ouverture à la CAN, à chaque fois face à l’Afrique du Sud (1-0 en 2018, 2-1 en 2022). Elles n’ont plus remporté leur match inaugural depuis 2016. Et si leur domination face aux sélections d’Afrique du Nord est nette (25 buts inscrits, 1 seul encaissé en six matches), leur dernier face-à-face avec la Tunisie, en 2008, s’était soldé par un nul (0-0). Un souvenir encore vivace pour les deux camps.
Malgré cela, Justin Madugu, le sélectionneur, se montre serein : « Ce groupe est préparé pour aller au bout. Il y a une dynamique collective, une profondeur à chaque poste, et des cadres comme Rasheedat Ajibade qui peuvent faire basculer un match. » La joueuse de l’Atlético de Madrid, justement, incarne cette nouvelle génération nigériane qui conjugue expérience et explosivité. « On sait que chaque tournoi est un nouveau défi. On respecte la Tunisie, mais on vise le sommet », lâche-t-elle avec le sourire.
Tunisie, une ambition tranquille
Pour la Tunisie, l’équation est simple : faire mieux qu’en 2022, où l’équipe avait atteint les quarts de finale pour la première fois de son histoire. Depuis, la Fédération tunisienne a mis en place une réforme de fond. « Nous sommes dans la phase B d’un projet quinquennal qui vise à structurer les sélections féminines de U15 à A », détaille le sélectionneur Kamel Saada. « Ce groupe a été renouvelé, avec une base expérimentée mais aussi beaucoup de jeunesse. »
Face à l’ogre nigérian, les Aigles de Carthage veulent proposer autre chose qu’un bloc bas et des contres timides. « Nous avons nos qualités tactiques. On ne vient pas en victime. On veut faire un résultat », insiste Saada. Même détermination chez Sabrine Ellouzi, cadre offensive de l’équipe et meilleure buteuse des qualifications avec sept réalisations : « Cette CAN est différente. En 2022, c’était une découverte. Aujourd’hui, on sait à quoi s’attendre. Il y a plus de maturité, de complicité. »
Ellouzi incarne parfaitement ce renouveau. À la fois attaquante instinctive et cheffe d’orchestre d’un vestiaire en reconstruction, elle cultive aussi une autre passion : la cuisine. « Publier un livre de recettes, c’est comme marquer un but. Il faut travailler en équipe, comme sur un terrain », glisse-t-elle avec humour. Une touche personnelle dans une équipe qui cherche à se forger une identité forte, entre rigueur et liberté.
Duel de formations et vision du jeu
Au-delà du terrain, cette rencontre est aussi le fruit de deux écoles. « Nous partageons beaucoup de choses avec le staff nigérian, notamment une formation orientée vers le développement technique », note Kamel Saada. « Mais notre spécificité tunisienne, c’est la discipline tactique. »
Dans les faits, la Tunisie devrait proposer un bloc médian avec une volonté de ressortir proprement. Le Nigeria, lui, imposera certainement un tempo élevé, misant sur la verticalité et la percussion de ses ailières. Si les Super Falcons ouvrent vite le score, le match pourrait s’emballer. Si les Tunisiennes tiennent une heure, le doute pourrait s’installer.
Ajibade prévient : « Il faudra être patientes, lucides et efficaces. On veut lancer cette CAN sur de bonnes bases. »
Ce dimanche, ces deux équipes se retrouvent face à leur destin. Pour le Nigeria, c’est l’occasion de réaffirmer sa domination. Pour la Tunisie, celle de bousculer la hiérarchie.