CAN Féminine : Noxolo Cesane, le cap des 50

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Sur la pelouse brûlante du stade d’Honneur d’Oujda, ce 7 juillet, elle ne s’est pas contentée de jouer. Noxolo Cesane a affirmé. En célébrant sa 50ᵉ sélection sous le maillot des Banyana Banyana, Noxolo Cesane n’a pas simplement atteint un jalon symbolique : elle a rappelé, à 24 ans, ce que signifie durer, grandir, porter une histoire plus grande que soi. De Gugulethu aux sommets africains, son football est une trajectoire, sa silhouette une promesse. Et son match face au Ghana (2-0) le début d’une nouvelle conquête, sous le sceau de la fidélité, du style et de la combativité.

 

 

Gugulethu, le socle de son destin

Née à Gugulethu, township de la région du Cap, Cesane a grandi dans un environnement dur, où la balle ronde représentait bien plus qu’un loisir. Avec sa sœur jumelle, Sinoxolo, elle a commencé à taper dans le ballon avec les garçons du quartier avant d’intégrer le Cape Town Roses, club formateur emblématique. Ensemble, les sœurs Cesane ont gravi les échelons des sélections de jeunes, des U17 aux U20, comme un passage obligé vers le plus haut niveau.

C’est lors du COSAFA Women’s Championship, le 5 août 2019 à Gqeberha, qu’elle connaît sa première cape chez les A, devant son public. Elle a alors 19 ans. Dr Desiree Ellis, sélectionneuse des Banyana Banyana, se souvient :
« Elle a été une révélation pendant ce COSAFA. Puis, à la CAN 2022, elle réalise cette passe lumineuse pour Jermaine Seoposenwe face au Nigeria. Elle a fait un tournoi remarquable, enchaîné avec une Coupe du Monde. Elle a fait ses preuves, est partie jouer à l’étranger. Une joueuse qui n’a jamais cessé de travailler. »

Un style bien à elle

Noxolo Cesane ne s’impose pas par la force, mais par l’intelligence de jeu. Sa capacité à se mouvoir entre les lignes, sa lecture du jeu, sa justesse technique font d’elle un rouage précieux du collectif sud-africain. Ballon au pied, elle respire la sérénité. Et hors du terrain, elle incarne une forme d’élégance tranquille, attachée à représenter ceux qui, comme elle, viennent de loin.

« Beaucoup de jeunes nous regardent parce qu’ils viennent de là où je viens. À Gugulethu, les choses sont compliquées, confuses. Je suis fière de pouvoir représenter ce quartier, cette communauté. Ils doivent savoir que le travail paie. Le succès ne tombe pas du ciel, il faut se lever tôt », confie-t-elle à la sortie du match.

Elle se rappelle les matins d’entraînement partagés avec sa sœur et les garçons du coin, dans une motivation collective. « Gugulethu, c’est une école. On y apprend beaucoup. Ce sont nos parents, tous. Si on absorbe ce qu’ils nous enseignent, alors on peut réussir. C’est cette sagesse qui nous aide à atteindre nos objectifs. »

Une CAN Féminine 2024 avec des ambitions pleines

Avec un titre continental en poche (celui de 2022 au Maroc), Cesane sait que l’Afrique du Sud a une réputation à défendre. Le premier match face au Ghana n’avait rien d’anodin : il fallait marquer les esprits, lancer la compétition sur de bonnes bases. Victoire 2-0. Et une prestation collective convaincante.

« C’était un match très important. Difficile au début, mais on a tenu bon », dit-elle, avec la lucidité de celle qui connaît les exigences du haut niveau.

Troisième CAN pour Cesane, après celle de 2018 au Ghana (finale perdue contre le Nigeria aux tirs au but) et celle victorieuse de 2022. Elle incarne aujourd’hui la maturité d’un groupe ambitieux.

 

 

Le respect de ses pairs

Janine van Wyk absente, c’est Lebohang Ramalepe qui a été capitaine face au Ghana. Avec ses 111 sélections, elle ne tarit pas d’éloges sur sa cadette :
« Noxolo a énormément progressé depuis son arrivée. Elle comprend désormais très bien le jeu. Je l’admire, même si je suis plus âgée. On peut apprendre beaucoup d’elle. Qu’elle continue à travailler, pour elle et pour le pays. »

Après le match, elle reçoit des mains de Desiree Ellis un maillot souvenir floqué du chiffre 50. Sourire immense. Et un appel vidéo de sa sœur Sinoxolo, aujourd’hui joueuse à Mazatlán, au Mexique. Fierté partagée.

Simphiwe Dludlu, ancienne internationale sud-africaine devenue consultante, ne cache pas son émotion :
« Je les ai vues toutes les deux, à 13 ans, dominer les tournois locaux avec Cape Town Roses. Noxolo a grandi à travers toutes les catégories. Elle a joué partout : en Europe, en Amérique du Sud, et elle continue de briller. Voir son évolution est un cadeau. Elle mérite encore plus. Elle doit continuer à viser plus haut. »

Et maintenant ?

Prochain rendez-vous pour l’Afrique du Sud : le 11 juillet face à la Tanzanie, toujours à Oujda. Noxolo Cesane sera là, concentrée, affûtée, prête à faire parler sa technique et sa vision. À 24 ans, elle a déjà connu l’Afrique, l’Europe, le Mondial. Mais elle n’est pas rassasiée. Elle sait d’où elle vient. Et surtout, elle sait où elle veut aller.