Chantelle Boye-Hlorkah, l’âme retrouvée des Black Queens

Publié:

À Berkane, dans une soirée où le Ghana jouait sa survie, Chantelle Boye-Hlorkah a éclaboussé le match de sa classe. Face à la Tanzanie, dans ce dernier choc du Groupe C de la CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024, la milieu de terrain de 29 ans a guidé les Black Queens vers une victoire décisive (4-1) et une qualification arrachée avec panache. Élue Joueuse du Match TotalEnergies, elle a imposé son rythme, son autorité, sa vision. Un match référence, dans la chaleur d’un soir qui aurait pu tout faire basculer.

Boye-Hlorkah, taille patronne

Dans ce match couperet, elle a pris le contrôle du milieu avec une autorité tranquille, annihilant les velléités de Diana Msewa, pourtant moteur des Twiga Stars et élue Joueuse du Match TotalEnergies lors du nul contre l’Afrique du Sud (1-1). Interceptions précises, lectures de trajectoires millimétrées, transitions sans fioritures : Boye-Hlorkah a incarné l'équilibre.

Son influence ne se mesure pas qu’aux statistiques. Elle a injecté une sérénité précieuse dans les moments chauds, enchaîné les gestes justes, métamorphosant les automatismes de l’entraînement en actions limpides. Elle n’a pas seulement dominé. Elle a dicté le tempo, encouragé, félicité, galvanisé. Même les spectateurs marocains, pourtant neutres, se sont laissés porter par ses prises de balle élégantes.

« Aujourd’hui, j’étais dans un rôle plus naturel pour moi. J’adore jouer sur l’aile, mais j’aime encore plus être au cœur du jeu. Je suis heureuse d’avoir pu évoluer à plusieurs postes pendant ce tournoi. Ce trophée, j’aurais pu le partager avec n’importe laquelle de mes coéquipières. Merci au coach, au staff, et aux filles pour leur soutien », a-t-elle confié, sourire radieux, au terme d’une prestation majuscule.

Un cap franchi pour le Ghana

Avec cette qualification pour les quarts, le Ghana en est désormais à sept participations à une phase à élimination directe en treize éditions. Et face aux équipes d’Afrique de l’Est, les Black Queens affichent désormais un sans-faute : quatre victoires en quatre confrontations.

« Je suis fière, tellement fière des filles. J’essaie de les pousser, de parler, de les guider. Mais ce soir, c’est elles qui m’ont portée. Je leur ai dit avant le match : on ne gagnera pas si on ne joue pas en équipe. C’est une fierté immense d’être ghanéenne », a-t-elle soufflé, encore haletante.

Née à Liverpool, formée dans le système anglais, Boye-Hlorkah a pourtant toujours eu un rêve : jouer pour le Ghana. Cette Coupe d'Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies 2024 est son tout premier. Et sans doute pas le dernier. « J’étais éligible pour l’Angleterre, mais j’ai toujours su que je voulais représenter le Ghana. Je suis juste reconnaissante d’être ici. »

Une soirée pour marquer l’histoire

Tout a commencé par un but rapide de Princella Adubea à la 12e minute, puis Alice Kusi, déjà buteuse lors du match précédent, a redonné l’avantage aux siennes après l’égalisation tanzanienne. Entrée en jeu, Evelyn Badu a inscrit le troisième, avant que Boye-Hlorkah ne parachève ce succès, le plus large du Ghana en phase finale de la CAN depuis 1998. Une victoire libératrice.

Malgré le score, la numéro 8 des Black Queens voyait plus loin : « Je veux toujours viser le maximum. Ce soir, je suis surtout fière de la performance collective, plus que du résultat. J’avais dit qu’on marquerait plus d’un but. Mais surtout, on a joué notre jeu. Pas celui de l’adversaire. Quand on a réussi à combiner, à poser le ballon, c’est là qu’on a fait la différence. »

Prochain défi : l’Algérie

L’image des supporteurs ghanéens debout tout au long de la rencontre, drapeaux en main, résume l’émotion de cette qualification. Il fallait remonter à 2016 pour retrouver les Black Queens à ce niveau de la compétition. Une éternité. L’Algérie se dresse désormais sur leur route, le 19 juillet, toujours à Berkane.