Esther Okoronkwo, du cauchemar de la blessure au sommet de l’Afrique

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À 28 ans, Esther Okoronkwo a enfin vécu ce qu’elle attendait depuis si longtemps : porter le maillot du Nigeria dans une Coupe d’Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies. Et elle l’a fait avec éclat, audace et talent, jusqu’à cette finale électrique face au Maroc, à Rabat, dans un Stade Olympique acquis à la cause des Lionnes de l’Atlas.

Privée de l’édition 2022 en raison d’une grave blessure au genou (rupture du ligament croisé antérieur), l’attaquante est revenue sur la scène continentale avec une rage contenue, une élégance retrouvée et une volonté farouche de briller. Mission accomplie : le Nigeria, porté par sa vista, remporte un dixième titre continental, un record absolu.

Six passes, un but et des larmes de revanche

Sous les couleurs du club canadien AFC Toronto, Okoronkwo rayonne depuis plusieurs mois. Mais c’est au Maroc, en sélection, qu’elle a touché les cœurs. Six matches, six passes décisives, un but capital et deux trophées de Joueuse du match : un parcours sans fausse note.

Son chef-d’œuvre ? Il est intervenu en finale, face au pays hôte. Menées 2-0, les Super Falcons s’en remettent à elle. Elle transforme un penalty tendu avec une maîtrise glaciale, avant de délivrer la passe décisive sur le but du 3-2, signé Jennifer Echegini. Tout simplement décisive.

Un premier tournoi comme un accomplissement

Pour la native des États-Unis, cette première CAN était bien plus qu’une simple entrée en matière : c’était une revanche sur le sort, une promesse tenue à elle-même. « En 2022, je n’étais pas là. Cette fois, je devais tout donner. Je suis juste heureuse d’avoir pu aider l’équipe », a-t-elle confié à CAFOnline.com, émue, après la finale.

Son abattage dans les grands moments, sa capacité à rester lucide quand tout s’emballe, ont fait d’elle une pièce maîtresse du dispositif offensif de Justin Madugu. Une joueuse de grande classe, qui a su répondre présente là où d’autres auraient flanché.

Une globe-trotteuse au service des Super Falcons

Le parcours d’Esther Okoronkwo en club est à l’image de sa personnalité : ambitieux, audacieux et sans frontière. Passée par Saint-Étienne en France, Costa Adeje Tenerife en Espagne puis la Chine à Changchun Dazhong Zhuoyue, elle a enrichi sa palette technique et tactique à travers plusieurs continents.

Aujourd’hui au Canada, elle évolue à AFC Toronto mais son cœur bat pour le Nigeria. Son intelligence de jeu, sa mobilité et son sens du collectif transparaissent dans chacune de ses prises de balle. Plus qu’une buteuse, elle s’est révélée meneuse, passeuse, détonatrice. Ses six passes décisives en témoignent : Okoronkwo joue pour les autres autant que pour elle-même.

Une voix pour le futur du football féminin africain

Mais Esther Okoronkwo, ce n’est pas qu’un pied gauche et une vista affûtée. C’est aussi une voix forte et engagée pour la cause du football féminin africain. « On a besoin de tout le soutien possible. Le football féminin grandit, et plus il est visible, plus il progressera », plaide-t-elle avec conviction.

Elle n’oublie pas les supporters : « Merci à tous ceux qui nous ont soutenues. Sans eux, on n’aurait pas pu aller au bout. On espère qu’ils continueront à croire en nous. »

Un exemple de résilience

À l’heure où s’éteignent les projecteurs de la CAN 2024, le parcours d’Esther Okoronkwo résonne comme une leçon de courage et de persévérance. Brisée en 2022, elle est revenue plus forte, plus lucide, plus inspirante. Son histoire, marquée par la douleur mais illuminée par le triomphe, offre un modèle aux jeunes Nigérianes rêvant de ballon rond.

De l’ombre d’une blessure au sommet du football africain, la numéro 6 des Super Falcons a franchi chaque obstacle avec grâce. Elle n’est pas seulement une championne. Elle est désormais un symbole.