Ghana – Algérie : l’ancienne garde face aux novices

Publié:

Les Black Queens sont de retour là où elles n’avaient plus mis les pieds depuis 2016 : la phase à élimination directe de la CAN Féminine CAF TotalEnergies. Samedi, à 17 heures (heure locale) au stade de Berkane, elles retrouveront l’Algérie en quart de finale, dans un duel où l’expérience ghanéenne croisera la solidité d’une équipe algérienne qui découvre ce niveau.

Le Ghana veut briser l’attente

Finalistes en 1998, 2002 et 2006, les Ghanéennes ont depuis alterné le bon et le moins bon. Éliminées dès les poules en 2008, 2010, 2014 et 2018 (à domicile), elles cherchent à renouer avec leur passé glorieux. Une mission qu’elles abordent avec une détermination palpable.

Battues d’entrée par l’Afrique du Sud (0-2), puis tenues en échec par le Mali (1-1), les joueuses de Kim Björkegren ont relevé la tête face à la Tanzanie avec une prestation pleine d’allant (4-1). « Ce match nous a permis de retrouver notre vrai visage, confie Josephine Bonsu. Il y avait de la pression, mais elle nous a galvanisées. »

Le retour de l’attaquante Doris Boaduwaa (suspendue contre la Tanzanie) apportera une arme supplémentaire à une attaque désormais en confiance, emmenée par Alice Kusi, buteuse lors des deux dernières rencontres.

L’Algérie tient son exploit

L’Algérie, elle, écrit une page inédite de son histoire. Qualifiée pour la première fois en quart de finale, la sélection de Farid Benstiti a traversé un groupe B relevé sans encaisser le moindre but : 0-0 contre la Tunisie, 1-0 face au Botswana, puis un autre 0-0 contre le Nigeria.

Au cœur de cette invincibilité : Chloé N’Gazi, élue meilleure gardienne de la phase de groupes, devant la Nigériane Chiamaka Nnadozie. Déterminée, la portière des Vertes annonce la couleur : « On veut aller en demi-finale. On sait que c’est une grosse responsabilité, mais on ne se met pas de pression inutile. À ce stade, tout peut arriver. »

Benstiti, qui sait son groupe en progression, ajoute : « Le Ghana est fort, c’est évident. Mais si nous sommes là, c’est que nous avons mérité notre place. Nous respectons l’adversaire, mais nous allons jouer pour gagner. »

Des chiffres contrastés

Si la solidité défensive des Algériennes impressionne (276 minutes sans encaisser), leur efficacité offensive inquiète : un seul but inscrit en trois matches, pour un taux de conversion famélique (4,17 %, le plus bas parmi les qualifiés). Contre le Nigeria, elles n’ont pas cadré le moindre tir.

Benstiti relativise : « Certes, nous avons peu marqué, mais cela ne change rien à notre ambition. En quart, c’est du 50-50. On veut être plus efficaces, mais on continuera à attaquer. »

En face, le Ghana semble avoir trouvé son rythme : quatre buts contre la Tanzanie, dix tirs cadrés ce soir-là, et un taux de conversion de 12,5 %. Sur l’ensemble des matches de groupe, seules les Sud-Africaines ont tenté plus de tirs cadrés (19 contre 18 pour le Ghana).

Un duel de styles

Le sélectionneur suédois Björkegren reste prudent : « L’Algérie est très bien organisée, surtout derrière. Leur gardienne est en forme. Il faudra créer des occasions franches, pas tenter des frappes de 45 mètres en espérant un miracle. Ce sera difficile, mais on est prêts. »

Historiquement, le Ghana mène : deux victoires à la CAN contre l’Algérie (2-1 en 2010, 1-0 en 2018), pour une seule défaite (en 2014). Au-delà des chiffres, les Black Queens ont disputé 12 matches à élimination directe dans leur histoire continentale, pour six victoires et six défaites – trois demi-finales gagnées, trois finales perdues.

À quitte ou double

« C’est un quart de finale. La pression est là, bien sûr, reconnaît Bonsu. Mais on doit la transformer en énergie positive. Qui ne voudrait pas disputer un tel match ? »

Tout semble opposer ces deux équipes. L’expérience et le passé pour le Ghana ; la fraîcheur, la solidité défensive et l’ambition d’un renouveau pour l’Algérie. Reste à savoir si la rigueur des Vertes suffira à faire taire la puissance offensive retrouvée des Black Queens.

Une chose est sûre : samedi à Berkane, une nouvelle ligne s’écrira dans l’histoire du football féminin africain.