Ghoutia Karchouni, le cœur en vert et le jeu en mesure

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Contre le Botswana, la nouvelle milieu de terrain du Servette FC a offert à l’Algérie sa première victoire (1-0) dans cette CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024. Une frappe tendue, une célébration contenue, un symbole affirmé. Cafonline.com vous invite à en savoir plus sur elle.

Elle s’est avancée, sans geste superflu. Contrôle, regard levé, frappe sèche. Le ballon file, rase la pelouse, finit sa course au fond des filets botswanais. Sur la pelouse du stade Père Jégo, à Casablanca, Ghoutia Karchouni venait d’inscrire l’unique but de la rencontre. Un but important, mais surtout un but qui dit tout. Tout de son retour aux sources, tout de son envie d’écrire, à 29 ans, un nouveau chapitre en vert et blanc.

Du Rhône à la Serie A, le sens de la progression

Née le 29 mai 1995 à Lyon, Ghoutia Karchouni grandit dans l’est lyonnais, à Pusignan, où elle tape ses premiers ballons. Très tôt, les recruteurs flairent la pépite. L’Olympique Lyonnais lui ouvre ses portes, avant qu’elle ne rejoigne le Paris Saint-Germain, où elle débute chez les pros en 2013, à 18 ans à peine.

Dans la capitale française, la concurrence est féroce. Elle apprend, s’adapte, accepte les défis. Puis tente une échappée en NWSL, aux Boston Breakers. Le voyage est bref, l’expérience intense. Retour en France, direction Bordeaux. Pendant quatre saisons, elle devient le métronome discret mais indispensable des Girondins. Relance propre, couverture intelligente, relai fiable.

En 2021, cap sur l’Italie. L’Inter Milan la veut, elle s’impose. En Serie A Femminile, elle peaufine son registre. Au final, 47 matchs et 12 buts inscrits avant de poser ses valises, en juin au Servette FC en Suisse.

 

 

Le vert comme évidence

L’histoire aurait pu rester franco-française. Mais à l’heure de relancer son aventure internationale, Ghoutia Karchouniécoute son instinct. L’Algérie l’appelle, elle répond présente. Le maillot vert devient un prolongement naturel de ses racines. 

Son but, face au Botswana, vaut trois points et bien plus : la démonstration que cette joueuse-là, au-delà de son CV, peut changer une rencontre. À la 64e minute, dans un match fermé, elle trouve la faille. Une frappe en dehors de la surface, tendue, chirurgicale. Et puis cette célébration sans débordement. Poing serré, regard vers le banc. Comme une promesse : celle de mener, sans bruit, mais avec foi.

« Représenter l’Algérie, c’est très fort émotionnellement », souffle-t-elle.
« Je suis fière de mes racines et je veux aider cette équipe à se développer, à grandir, à viser plus haut. »

 

Une voix pour les autres

Son expérience, sa sérénité, son parcours riche sur plusieurs continents font d’elle une référence pour la nouvelle génération.

Et elles sont nombreuses à l’observer. À voir en elle ce que le football algérien féminin veut devenir : organisé, rigoureux, exigeant. De l’OL à l’Inter, en passant par le PSG, Boston ou Bordeaux, elle a tout connu. Des titres chez les jeunes (championne du monde U17 en 2012, championne d’Europe U19 en 2013), des années de construction, des doutes aussi. Et elle a tout gardé en mémoire.

Aujourd’hui, à 29 ans, Ghoutia Karchouni est un repère. Une de ces joueuses qui ne font pas de vagues, mais sans qui rien ne tient. Et dans cette CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024, l’Algérie sait qu’elle peut compter sur elle.