Jennifer Cudjoe, la boussole des Black Queens

Pour ses grands débuts en Coupe d’Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies, Jennifer Cudjoe a frappé fort. Élue Joueuse du Match TotalEnergies face au Mali (1-1), la milieu de terrain ghanéenne a marqué les esprits autant par sa présence que par son jeu.
Suspendue pour l’entrée en lice du Ghana face à l’Afrique du Sud, elle avait assisté au match depuis les tribunes. Mais vendredi soir, à Berkane, lors de la 2e journée du Groupe C, elle a entonné l’hymne national avec un cœur grand ouvert, avant de se mettre au service des Black Queens avec un engagement total. « C’est ma première CAN. Au moment de chanter l’hymne, j’ai pensé à ma famille, à ceux qui comptent pour moi, et je me suis dit : il faut que je sois à 100 %. Je suis reconnaissante, ça a payé aujourd’hui », confiait-elle après la rencontre.
Un rôle central sur le terrain et dans le vestiaire
Dans une première période très aboutie des Ghanéennes, Cudjoe a rayonné. Propre techniquement, toujours disponible, elle a fait le lien entre la défense et l’attaque. Dans les duels, elle a tenu tête aux puissantes Maliennes. Et quand le jeu s’est tendu, notamment après l’égalisation d’Aïssata Traoré (52e), c’est encore elle qui a maintenu l’équipe à flot, en soutien constant de ses jeunes coéquipières. À l’image de sa réaction auprès de Comfort Yeboah, sanctionnée d’un carton jaune : un mot, un geste, pour la garder dans le match.
« En regardant le premier match depuis les tribunes, je savais que si je rentrais, je devais apporter plus, apporter de l’équilibre. Je suis très heureuse d’avoir enfin disputé la CAN. C’est un rêve qui devient réalité », a-t-elle poursuivi.
Pour le sélectionneur Kim Björkegren, la performance de Jennifer ne fait aucun doute : « Elle nous a donné de l’énergie dans l’entrejeu. On avait besoin de son leadership, elle a montré toute sa qualité. »
Un parcours guidé par l’excellence
Née à Accra, Jennifer a grandi dans l’ombre inspirante de sa sœur aînée, Elizabeth Cudjoe, pionnière du football féminin ghanéen. Mais dès ses débuts, Jennifer n’a jamais cherché à imiter : elle voulait écrire sa propre histoire, porter le nom Cudjoe encore plus haut, au Ghana comme à l’étranger.
Partie aux États-Unis à 18 ans, elle a concilié études et football avec un rare sérieux. D’abord à Northeastern Oklahoma, puis à l’Université du Maine à Fort Kent, où elle a décroché un diplôme en comptabilité. En parallèle, les distinctions se sont enchaînées : Joueuse de l’année NJCAA en 2014, All-American, championne nationale universitaire en 2016… En 2015, la presse sportive ghanéenne la nomme Athlète féminine de l’année.
Professionnelle aux États-Unis, elle a porté les couleurs des California Storm, d’Asheville City SC, puis de Gotham FC (New York) pendant trois saisons dans la NWSL. Avant de tenter une expérience au Danemark avec le FC Nordsjaelland. Aujourd’hui, elle évolue à DC Power, à Washington. « J’aime DC. C’est une ville à majorité afro-américaine, je m’y sens chez moi. Il y a des Ghanéens, des Ougandais, des Éthiopiens... C’est un cocon. »
Une passeuse de flambeau
Ce sentiment d’appartenance, Jennifer veut aussi l’offrir aux plus jeunes. En 2022, elle a lancé la Jennifer Cudjoe Community Project Foundation, un programme d’accompagnement pour les jeunes sportifs au Ghana. Distribution d’équipements, mentorat, éducation : elle s’investit pour offrir aux filles et garçons ce qu’elle-même aurait aimé recevoir. « Un simple don de crampons peut changer une vie », dit-elle avec une conviction touchante.
Déjà internationale U20 en 2014 — elle avait marqué face à la Finlande lors de la Coupe du Monde au Canada —, elle s’impose aujourd’hui comme un modèle. Son petit frère, Marica, capitaine des U20 à la SMAC Academy d’Accra (affiliée à la Juventus), suit ses pas avec admiration.
Une CAN pour transformer l’élan en qualification
Avec un seul point en deux matches, le Ghana n’est pas encore au rendez-vous de la qualification. Mais rien n’est perdu. L’ultime rencontre de la phase de groupes face à la Tanzanie, lundi 14 juillet à Berkane, s’annonce décisive. Jennifer le sait, et y croit.
« Il faut rester prêtes, toujours. C’est ce que j’ai appris aux États-Unis, notamment auprès de joueuses comme Carli Lloyd. Travailler dur, ne jamais lâcher, jusqu’à ce que la chance tourne. Ce moment, je l’ai attendu longtemps. Maintenant qu’il est là, je compte bien continuer à le saisir », conclut-elle, le regard tourné vers l’avenir.
À 31 ans, Jennifer Cudjoe ne se contente pas d’honorer son nom : elle le sublime. Et avec elle, c’est toute une génération de jeunes Africaines qui croit un peu plus fort que le football peut être une voie d’accomplissement.
🪄 Dazzling in her #Ghana print we present to you #BlackQueens deputy captain…!!!
— Ghana Women National Teams 🇬🇭 (@GhanaWNT) March 5, 2025
📸: @JenniferCudjoe ❤️ #WearGhana 🇬🇭 #BringBackTheLove 💕 pic.twitter.com/jvtuDUcmsU