Jennifer Echegini (Nigeria) : “J’ai hâte de vivre cette CAN Féminine de l’intérieur”

- Révélation du PSG depuis son arrivée en 2024, Jennifer Echegini s’apprête à disputer sa toute première Coupe d’Afrique des Nations avec le Nigeria
- Née aux Pays-Bas, formée entre l’Angleterre et les États-Unis, elle n’a jamais douté : son cœur a toujours battu pour les Super Falcons
- « On nous réduit trop souvent à notre vitesse. Mais on a bien plus à offrir », prévient la milieu parisienne, décidée à casser les clichés
À 24 ans, cette Coupe d’Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies sera sa première. Un rendez-vous que Jennifer Echegini aborde avec la maturité d’une joueuse ayant déjà affronté la pression des Jeux Olympiques et de la Coupe du Monde. Mais pour elle, la CAN Féminine est bien plus qu’un simple tournoi : c’est une fierté, une responsabilité, un lien profond avec l’histoire et l’âme du football nigérian.
Arrivée à Paris à l’été 2024, la Super Falcon a rapidement su s’imposer dans un effectif d’élite. « Elle crée le danger à chaque ballon touché », loue Grace Geyoro, sa coéquipière au PSG. Derrière ses qualités techniques et son sens du jeu se cache un parcours atypique : née à Nimègue aux Pays-Bas, formée dans les académies anglaises puis aux États-Unis, Jennifer a toujours porté en elle l’envie de représenter le Nigeria. « C’est une conviction qui m’anime depuis toujours », confie-t-elle.
Aujourd’hui, elle partage le vestiaire parisien avec d’autres talents africains comme Agueissa Diarra (Mali) et Merveille Kanjinga (RD Congo). Son conseil ? « Croyez en vous, peu importe d’où vous venez. À Paris, seuls la rigueur et la passion comptent. » Un message fort pour une joueuse qui refuse les clichés : « On nous réduit souvent à la vitesse ou à la puissance, mais le football féminin africain, c’est bien plus que ça. »
À quelques semaines du coup d’envoi de la CAN féminine au Maroc (5-26 juillet), Jennifer Echegini est prête à entrer dans l’arène. « Ce tournoi, c’est une intensité différente, une émotion unique. C’est notre héritage », affirme-t-elle avec détermination. Avec son talent, son audace et sa lucidité, elle incarne déjà la nouvelle génération des Super Falcons, prête à marquer son empreinte.
CAFOnline.com : Depuis juillet, vous évoluez au PSG. Qu’appréciez-vous le plus dans votre nouvelle vie parisienne ?
Jennifer Echegini : Il y a beaucoup de choses que j’aime ici. Ce qui me marque le plus, c’est de pouvoir m’entraîner chaque jour aux côtés de joueuses exceptionnelles. Chaque séance est un moment d’apprentissage. Certaines d’entre elles, je les admirais à la télévision quand j’étais plus jeune, alors les côtoyer aujourd’hui, apprendre à leurs côtés, c’est une expérience vraiment enrichissante.
Vous avez été la première joueuse africaine à rejoindre le PSG. Quel message avez-vous adressé à Agueissa Diarra (Mali) et Merveille Kanjinga (RD Congo), vos deux coéquipières africaines, lorsqu’elles vous ont rejointes ?
Je leur ai dit de croire en elles. Peu importe d’où l’on vient, notre origine ne doit jamais nous limiter. Le fait d’être d’un pays ou d’une région spécifique ne détermine pas notre valeur. Ce qui compte, c’est ce que l’on montre sur le terrain. À Paris, nous sommes toutes au même niveau, dans le même vestiaire, et il faut se battre pour ce que l’on veut. Avoir confiance en soi, c’est la clé.
Paris a récemment investi dans plusieurs joueuses africaines, dont vous. Que pensez-vous de cette tendance, et quel impact peut-elle avoir sur le développement du football féminin en Afrique ?
Je suis fière que les clubs européens commencent à nous regarder avec sérieux. Trop souvent, les joueuses africaines sont réduites à leur puissance ou leur vitesse, mais nous avons tellement plus à offrir au jeu. Cette reconnaissance change les choses. Elle envoie un message fort aux jeunes filles du continent : si nous y sommes arrivées, elles le peuvent aussi. Elles ne doivent pas se limiter à des qualités stéréotypées. Nous avons bien plus à apporter que ce que l’on imagine.
À 24 ans, vous avez déjà disputé la Coupe du Monde, les Jeux Olympiques… et maintenant, vous vous préparez pour votre première Coupe d’Afrique des Nations. Qu’est-ce que ce tournoi représente pour vous ?
C’est très spécial. J’ai participé aux grandes compétitions internationales, mais je n’ai encore jamais joué une CAN. Ce sera la première fois, et je suis très excitée. J’ai regardé la dernière édition il y a deux ans, et je me disais déjà : « un jour, ce sera mon tour ». Aujourd’hui, ce moment arrive. C’est une autre atmosphère, une autre énergie. C’est une fierté de représenter mon pays sur le continent africain. La CAN Féminine, c’est aussi l’histoire, la culture, les émotions. J’ai hâte de vivre ça de l’intérieur.
Et comment vous y préparez-vous, concrètement ?
On doit s’y préparer à fond. Mentalement, physiquement, c’est une autre dimension. Il y a une intensité unique, une atmosphère particulière.
Le Nigeria évoluera dans le Groupe B, aux côtés de la Tunisie, de l’Algérie et du Botswana. Comment analysez-vous cette poule ?
C’est un groupe costaud. Sur le papier, on est favoris, c’est clair. Mais dans ce genre de tournoi, ça ne signifie rien. Aucune équipe n’est à prendre à la légère. On devra être concentrées dès la première minute, ne jamais sous-estimer l’adversaire. C’est la base.
Quel rôle vous attendez-vous à jouer avec les Super Falcons lors de cette CAN ?
Je suis milieu de terrain, donc mon rôle, c’est de créer, d’organiser, de marquer aussi quand je le peux. Je veux être un soutien constant pour mes coéquipières, sur toutes les zones du terrain. Rien de compliqué : faire ce que je sais faire. Être utile, tout simplement.
Le Nigeria est un géant du continent, avec une histoire forte dans cette compétition. Comment gérez-vous cette pression de devoir toujours gagner ?
On vit avec. La pression, on l’a depuis toujours. Quand on porte le maillot du Nigeria, on sait que les attentes sont énormes. Mais c’est une bonne chose, en réalité. Ce sont ces standards qui font de nous ce que nous sommes. Le Nigeria a gagné à plusieurs reprises cette compétition. En tant que nouvelle génération, notre devoir, c’est de perpétuer cette tradition. Alors oui, il y a de la pression. Mais tout le monde – nous, les fans, le staff – veut la même chose : la victoire.
Avec une couverture médiatique en hausse, sentez-vous un changement dans le regard que portent les supporters africains sur le football féminin ?
Clairement. Ça fait maintenant trois ans que je suis avec l’équipe, et je vois une vraie évolution. Il y a plus de couverture, plus d’intérêt, plus de visibilité. Ce tournoi a toujours été important, mais on n’en parlait pas assez. Aujourd’hui, les choses changent. Et c’est une excellente chose. Plus les gens comprendront l’importance de cette compétition, plus le football féminin africain progressera.
Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes filles africaines qui vous regardent depuis Lagos, Cotonou ou Abidjan, et rêvent de suivre vos pas ?
Je leur dirais simplement de croire en elles et de ne jamais cesser de travailler dur. Chaque parcours est unique. Moi-même, je suis Nigériane, mais je ne suis pas née au Nigeria. J’ai grandi aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, j’ai passé un moment aux États-Unis... Mon histoire est différente de celle de certaines de mes coéquipières qui ont grandi à Lagos ou à Abuja.
Mais c’est justement ça, le message : peu importe d’où vous venez, le chemin n’est jamais le même, mais la destination peut l’être. On peut toutes arriver au plus haut niveau, chacune à notre manière.
Il faut croire en soi, ne jamais douter. Le plafond, c’est vous qui le fixez. Si vous vous dites que vous n’y arriverez pas, alors vous n’y arriverez jamais. Ne laissez personne vous convaincre que vous n’êtes pas capable. Travaillez, croyez en vous, et foncez.