L’Afrique du Sud sur la route des rêves sénégalais

Face aux championnes d’Afrique en titre, les Lionnes de la Teranga s’apprêtent à boucler un improbable triptyque : après avoir affronté la Zambie (3e en 2022) et le Maroc (finaliste), le Sénégal va croiser la route de l’Afrique du Sud en quart de finale de la Coupe d'Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies 2024, ce samedi à Oujda.
Un parcours semé d'embûches
Versées dans un Groupe A relevé, les Sénégalaises ont débuté tambour battant contre la RD Congo 4-0. Puis, elles ont chuté de peu face à la Zambie (2-3) et au Maroc (0-1), tout en assurant l’essentiel : un billet pour les quarts, leur deuxième de suite dans la compétition.
« Cette affiche penche en faveur de l’Afrique du Sud. C’est la favorite, et nous, les outsiders. Mais on va tout donner. Si l’on passe, ce sera une première demi-finale dans notre histoire, et on y sera parvenus en éliminant les championnes d’Afrique. Il faut de la confiance. Nous n’avons pas de pression. Avec une grande prestation, on peut écrire une nouvelle page du football sénégalais », lance calmement le sélectionneur Mame Moussa Cissé.
Avant d’ajouter : « On a connu un chemin compliqué pour arriver là. On a bien entamé contre la RD Congo, puis on a affronté deux grosses cylindrées du dernier podium. Maintenant, il faut être encore plus rigoureux dans les détails et tirer des leçons de nos trois matches. »
Antécédents et promesses
Ce quart de finale sera la deuxième opposition entre les deux nations à la CAN Féminine CAF TotalEnergies. La première remonte à 2012, en Guinée équatoriale, avec une victoire 1-0 des Banyana Banyana. Plus récemment, en 2023, deux amicaux disputés à Thiès ont donné lieu à un nul (1-1), puis à une victoire sud-africaine (2-0).
L’attaquante Pascaline Fofana Bassène abonde dans le sens de son coach : « On est motivées. Arriver jusque-là nous donne de la confiance. L’Afrique du Sud est une grande équipe, on la respecte. Mais nous sommes là pour représenter notre pays et donner le meilleur. On va jouer notre chance à fond. »
Le Sénégal a inscrit six buts dans ce tournoi, dont cinq en première période – quatre contre la RD Congo, deux face à la Zambie. En dix matches disputés dans l’histoire de la CAN Féminine, les Lionnes n’ont jamais terminé sur un 0-0. Neuf de leurs rencontres se sont soldées dans le temps réglementaire ; seule exception : le nul contre la Zambie en 2022, perdu aux tirs au but.
Des Banyana Banyana à sang-froid
Invaincue dans le jeu depuis trois éditions de la CAN, la sélectionneuse sud-africaine Desiree Ellis affiche des statistiques impressionnantes : 14 matches sans défaite, dont 11 victoires et huit clean sheets. Les Sud-Africaines abordent donc ce quart de finale en pleine confiance, après avoir écarté la Tunisie (1-0) à ce stade de la compétition il y a trois ans.
« Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire. Quand on s’en rend compte, il est souvent trop tard. Le Sénégal est une équipe que l’on connaît, mais ce match est tout à fait différent, dans un autre contexte », insiste Ellis. « Notre force, c’est le collectif. Chaque joueuse brille grâce au travail des autres. »
Les statistiques parlent en effet : sept buts inscrits par sept joueuses différentes (Mbane, Magaia, Seoposenwe, Ramalepe, Motlhalo, Refiloe Jane, Donnelly). « C’est une richesse. Si une seule marque, on devient prévisible. Là, nos buts viennent de différents circuits : pressing haut, transitions rapides… C’est le fruit du travail d’équipe », analyse la technicienne.
Ramalepe et Dlamini, les cartes maîtresses
Parmi les joueuses en forme, Lebohang Ramalepe se distingue. Passeuse décisive à deux reprises contre le Ghana et la Tanzanie, buteuse face au Mali, elle a créé six occasions depuis le début du tournoi – un record pour une joueuse sud-africaine dans ce tournoi.l Son repositionnement plus haut sur le flanc droit explique en partie cette influence offensive grandissante.
Dans les buts, Andile Dlamini reste une muraille : aucun but encaissé, 5 arrêts contre le Ghana, 5 contre le Mali. À titre de comparaison, elle n’en avait effectué que onze sur l’ensemble de l’édition 2022. L’expérience parle.
Interrogée sur la taille des joueuses sénégalaises, Ellis ironise : « On ne va pas grandir de cinq centimètres d’ici là. Mais on a un plan. Et on va l’exécuter avec nos armes. »
Duel de dynamiques
Au cœur du jeu sud-africain, Linda Motlhalo continue de monter en régime : « le Sénégal progresse. Cette équipe a changé. Certaines filles évoluent à l’étranger désormais. On s’attend à un vrai match. »
C’est un duel de dynamiques, entre un favori qui veut confirmer son rang et un outsider qui veut écrire une première historique. Une opposition de styles, aussi. Depuis leur défaite face au Ghana en 2016, les Banyana Banyana ont remporté cinq de leurs 6 confrontations contre des équipes d’Afrique de l’Ouest (2 fois le Nigeria, 2 fois le Mali, une fois le Ghana). La seule ombre au tableau ? Un nul face au Nigeria en 2018, perdu aux tirs au but.
Mais malgré les statistiques, le Sénégal conserve ses chances. Les deux équipes affichent un taux de conversion de tirs identique (20 %), ont encaissé treize tirs cadrés, mais les Sud-Africaines n’ont concédé qu’un but, contre trois pour les Sénégalaises.