Le Ghana tient son retour, Asantewaa son match

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À la 120e minute, elle courait encore. Grâce Asantewaa n’a pas marqué. Elle n’a pas délivré de passe décisive. Mais dans cette qualification arrachée au bout d’un match verrouillé (0-0, 4-2 t.a.b.) face à une Algérie rugueuse et disciplinée, c’est son empreinte qui saute aux yeux. Élue Joueuse du Match TotalEnergies, la Ghanéenne a permis aux Black Queens de retrouver les demi-finales de la CAN Féminine CAF TotalEnergies pour la première fois depuis 2016. 

Moteur du jeu, métronome des intentions

Asantewaa a tout fait. Gratter les ballons bas. Poser le pied dessus quand le tempo s’emballait. Relancer propre, chercher long, combiner court. Elle a dicté, orienté, crié, imposé. Elle a parfois même dansé, entre deux Algériennes, balle au pied. Elle n’a pas seulement traversé ce quart de finale, elle l’a tenu en main. D’un bout à l’autre.

À la baguette, son entente avec Jennifer Cudjoe a mis sous pression un bloc algérien qui n’avait pas encore craqué dans ce tournoi. Face à cette muraille, le Ghana a insisté, souvent sans solution, mais sans jamais se désorganiser. Et dans cette rigueur, cette patience, on retrouve la marque des grandes.

Un match dans le match

Pour Asantewaa, cette opposition avait un goût de revanche. En 2018, déjà dans le groupe, elle avait vécu l’humiliation d’une élimination dès les poules, à domicile. « J’avais pensé arrêter le football. J’étais au bout », confie-t-elle, regard levé, sourire figé par l’émotion. « Mais ma famille, mes amis m’ont soutenue. Alors j’ai tenu. Pour ce moment. Pour ce retour. »

Le sélectionneur Kim Björkegren, lui, n’a pas tari d’éloges : « Elle monte d’un cran à chaque tour. C’est le genre de joueuse qui devient meilleure quand l’enjeu augmente. Avec Cudjoe, elles ont été notre poumon. Je n’ai pas pu les sortir, elles étaient tout simplement indispensables. »

 

Le Ghana tient, puis frappe

Solides et organisées, les Black Queens ont fermé tous les angles. Et quand la décision a dû se faire aux tirs au but, elles ont gardé la tête froide. Bonsu, Boaduwaa, Boye-Hlorkah et Badu ont transformé leurs tentatives sans trembler. 4-2, rideau. L’Algérie, qui n’avait pas encaissé un seul but jusque-là, tombe les armes à la main. Le Ghana, lui, avance, avec la sensation d’avoir grandi dans la difficulté.

Deux séances de tirs au but disputées dans cette CAN, deux remportées. Un signe ? Peut-être. Une habitude ? Sûrement. Une mentalité ? Clairement. Cette équipe ne lâche rien. Elle ne brille pas toujours, mais elle résiste, encaisse, puis surgit.

Un choc en perspective face au Maroc

Mardi à Rabat, dans le cadre du stade Moulay Abdallah, les Black Queens défieront le pays hôte, le Maroc. Un choc à haute tension pour une place en finale, qu’elles n’ont plus atteinte depuis 2006. À trois reprises (1998, 2002, 2006), elles ont buté à la dernière marche, à chaque fois contre le Nigeria.

« On ne s’arrête pas là », prévient Asantewaa. « On a fait un gros boulot pour arriver jusque-là, mais notre objectif, c’est le trophée. On va continuer avec la même mentalité. »

Quatre rescapées seulement dans cette sélection par rapport aux dernières éditions. Parmi elles, Asantewaa. Et au vu de ce qu’elle vient de livrer à Berkane, on sait déjà que le Maroc ne devra pas seulement se méfier du Ghana. Il devra surtout surveiller son numéro 10.