Maroc et Ghana, deux destins croisés vers la finale de la CAN féminine

Mardi soir, le Stade Olympique de Rabat accueillera la confrontation entre le Maroc et le Ghana, en demi-finale de la CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024. Deux parcours contrastés, une même ambition : gagner leur place en finale.
D’un côté, les Lionnes de l’Atlas, galvanisées par leur public et portées par l’élan d’une deuxième finale consécutive à domicile. De l’autre, les Black Queens, en quête de rédemption après des années dans l’ombre. Deux philosophies, deux tempéraments, mais une même faim.
Maroc : l’élan collectif pour écrire l’histoire
Invaincu depuis le début de la compétition, le Maroc s’est frayé un chemin vers le dernier carré avec maîtrise. Un nul spectaculaire face à la Zambie (2-2), un festival offensif contre la RDC (4-2), une courte victoire contre le Sénégal (1-0), et une démonstration de rigueur face au Mali en quart (3-1). L’équipe de Jorge Vilda avance sûre d’elle, sans jamais se départir de son équilibre.
Le sélectionneur espagnol, champion du monde en titre avec l’Espagne, sait que le contexte ajoute du poids à l’enjeu : « Nous ne jouons pas juste une demi-finale. C’est un pas de plus dans notre évolution. Les joueuses savent ce que cela signifie de porter le maillot marocain ici, à domicile. »
Face au Ghana, il s’attend à un combat physique et tactique : « Elles sont athlétiques, disciplinées et intenses. Nous avons travaillé notre structure, nos transitions et notre calme dans les derniers mètres. Ce qui compte, c’est notre identité. »
Ghana : une résilience forgée dans la douleur
Le parcours des Black Queens a été sinueux. Battues d’entrée par l’Afrique du Sud (0-2), elles ont arraché un nul face au Mali (1-1), corrigé la Tanzanie (4-1), puis tenu l’Algérie en échec (0-0) avant de s’imposer aux tirs au but (4-2) en quart. Rien de simple, mais beaucoup de caractère.
Le sélectionneur suédois Kim Björkegren ne veut pas entendre parler d’excuses :
« On connaît le Maroc. On les a affrontées et on avait perdu, oui, mais c’était une autre époque. Aujourd’hui, nous sommes plus fortes, plus matures, plus prêtes. »
Pas question de craindre la pression du stade : « L’ambiance, le public, l’attente… tout ça peut peser lourd. À nous d’en profiter, de jouer avec liberté. Ce genre de tournoi ne se gagne pas en se plaignant. Il faut avancer. »
Voix du terrain : détermination et humilité
La capitaine d’attaque du Maroc, Ibtissam Jraidi, symbolise cette volonté tranquille qui anime son groupe : « Ce n’est pas juste un match. C’est une mission. On veut inspirer, on veut gagner. Marquer ou pas, peu importe : seule la victoire collective compte. »
De l’autre côté, la défenseure ghanéenne Sherifat Sumaila, pour sa première CAN, affiche une fraîcheur lucide : « On est prêtes. Chacune dans cette équipe sait ce qu’elle a à faire. Ce que le Maroc propose, on le respecte. Mais nous croyons en notre groupe, en notre force. »
Antécédents : équilibre parfait, momentum marocain
Depuis 2020, les deux sélections se sont croisées cinq fois en amical. Avantage initial pour le Ghana (3-1 et 2-0 en 2020), avant un retournement progressif signé Maroc : deux victoires consécutives (2-0 en 2022 et 1-0 en 2024). Bilan : trois victoires chacune, sept buts marqués de part et d’autre. Mais c’est bien le Maroc qui aborde cette demi-finale avec l’élan des derniers succès.
Les joueuses à suivre
Côté marocain, Ghizlane Chebbak, capitaine et métronome, brille une fois encore avec 4 buts en autant de matches. Elle incarne le lien parfait entre leadership, efficacité et sang-froid. À ses côtés, Ibtissam Jraidi, l'ancienne flèche de l’AS FAR, est une menace permanente, grâce à ses appels, sa vitesse et son expérience des grands rendez-vous.
Pour le Ghana, Alice Kusi fera son retour après avoir manqué le quart de finale. Inspirée et décisive (2 buts), la joueuse de Fenerbahçe pourrait être le facteur X dans le camp ghanéen. En soutien, la milieu Jennifer Cudjoe impose sa science du jeu et sa sérénité, précieuses pour briser le rythme marocain et lancer les contre-attaques.
Ce mardi à Rabat, il ne sera pas seulement question de technique ou de statistiques. Ce sera un bras de fer entre une équipe hôte portée par l’euphorie populaire et une formation forgée dans l’adversité. Entre solidité construite et résilience acquise.
Une demi-finale, oui. Mais bien plus qu’un simple match : une déclaration d’intention.