Maroc – Nigeria : Une première contre une dynastie

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Le rideau va tomber sur cette 13e édition de la Coupe d'Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies et l’affiche de la finale a des allures de choc des extrêmes. D’un côté, le Maroc, pays hôte et aspirant au tout premier titre continental de son histoire. De l’autre, le Nigeria, neuf fois sacré, en quête d’un dixième sacre historique.

Une revanche aux airs de confirmation

Le Maroc et le Nigeria se retrouvent pour la quatrième fois dans l’histoire de la CAN féminine. La dernière confrontation, en demi-finale de l’édition 2022 à Rabat, avait vu les Lionnes de l’Atlas faire tomber les Super Falcons aux tirs au but (1-1, 5-4 t.a.b). Un soir qui avait marqué un tournant pour le football féminin marocain. Deux ans plus tard, les coéquipières de Ghizlane Chebbak ont grandi, mûri, et s’apprêtent à disputer une nouvelle finale, à domicile.

Le Maroc n’est plus un outsider

Il y a cinq ans, la Fédération marocaine lançait une stratégie dédiée au développement du football féminin. Objectif affiché : transformer des débuts timides en compétition en une force crédible sur la scène continentale. Avant 2022, le Maroc ne comptait que deux participations (1998, 2000), pour un seul point récolté et 22 buts encaissés. Depuis, le projet s’est concrétisé : finale à domicile en 2022, revoici les Lionnes deux ans plus tard, toujours en finale, cette fois avec la ferme intention de s’imposer.

Le parcours des Marocaines lors de cette édition 2024 confirme leur montée en puissance : un nul renversant face à la Zambie (2-2), une victoire éclatante contre la RDC (4-2) grâce à un triplé de Chebbak, un succès au forceps contre le Sénégal (1-0), puis une démonstration face au Mali (3-1). En demi-finale, les Lionnes ont tremblé face au Ghana mais se sont une nouvelle fois imposées aux tirs au but, portées par l’expérience de Khadija Er-Rmichi et les échecs adverses.

Si le Maroc a encaissé au moins un but à chaque rencontre (six au total), il a surtout inscrit 11 buts et fait preuve d’une détermination impressionnante. Le collectif emmené par Chebbak, Tagnaout, Mssoudy, Jraidi et Ouzraoui séduit par sa complémentarité et son allant offensif.

Une génération portée par un souffle national

Jamais le football marocain n’a semblé aussi proche de l’exploit. Après le sacre des Lions à la CAN 1976 et la demi-finale historique des hommes à la Coupe du monde 2022 au Qatar, les Lionnes de l'Atlas rêvent de s’inviter dans la légende. Le Stade Olympique de Rabat est plein à craquer à chaque rencontre. Et samedi, le pays retiendra son souffle. Pour les joueuses, il s’agit de conclure cinq années de travail intense. Pour le public, de vivre une première fois inoubliable.

Le Nigeria, toujours là

Face à cette nation montante, le Nigeria représente la stabilité, la constance et la domination sans partage. Depuis 1998, les Super Falcons ont toujours passé le premier tour. En 13 éditions, elles ont disputé neuf finales… et les ont toutes gagnées. Une statistique implacable.

La phase de groupes 2024 a vu les Nigérianes dominer leur poule (victoires contre la Tunisie et le Botswana, nul contre l’Algérie). En quart, elles ont étrillé la Zambie (5-0), équipe pourtant redoutée. En demi-finale, elles ont tenu tête aux tenantes du titre sud-africaines, s’imposant aux tirs au but après un duel sans but. Résultat : un retour en finale, presque une habitude.

 

L’obsession du dixième

Depuis plusieurs mois, les réseaux sociaux et les médias nigérians ont baptisé leur mission du surnom évocateur : « Mission X ». X comme 10. Dix titres pour dix finales. Un chiffre rond, une marque que les joueuses de Justin Madugu veulent atteindre pour affirmer leur hégémonie.

Dans cette quête, la capitaine Rasheedat Ajibade rayonne. Élue meilleure joueuse à trois reprises en cinq matches, elle incarne la nouvelle génération ambitieuse des Super Falcons. À ses côtés, l’expérimentée gardienne Chiamaka Nnadozie, impériale dans ses cages (un seul but encaissé, sur penalty), et l’efficace Esther Okoronkwo, déjà créditée de quatre passes décisives, symbolisent l’équilibre entre expérience et jeunesse.

Deux visions, une finale

Samedi, ce ne sera pas seulement une opposition entre deux équipes. Ce sera une confrontation entre deux visions du football féminin. D’un côté, un Nigeria conquérant, référence incontestée sur le continent depuis plus de deux décennies. De l’autre, un Maroc en pleine ascension, porté par une ferveur populaire et une politique de développement ambitieuse.

Sur le terrain, les Lionnes de l’Atlas auront l’avantage du public, mais les Super Falcons possèdent l’expérience des grands rendez-vous. Une chose est sûre : quelle que soit l’issue, cette finale marquera l’histoire du football africain féminin.