Mweemba, le roc de Chibolya qui porte les rêves de la Zambie

Grandir à Chibolya, quartier populaire de Lusaka plus connu pour ses difficultés du quotidien que pour ses succès, n’a jamais été un frein pour Lushomo Mweemba. Bien au contraire. À 23 ans, la défenseure des Copper Queens est devenue la force tranquille de l’arrière-garde zambienne. Une stature récompensée par une place méritée dans l’équipe-type de la phase de groupes de la CAN 2024.
« C’est un grand honneur, je suis très touchée. Ce n’est pas seulement pour moi, c’est pour toute l’équipe et pour le pays », a-t-elle confié à CAFOnline.com. « Ça montre que notre travail collectif est reconnu. Félicitations aussi à Barbra (Banda) et Racheal (Kundananji), elles le méritent. »
Une défense forgée dans l’unité
Si la Zambie n’a pas perdu en phase de groupes, c’est en grande partie grâce à sa rigueur défensive. Et à l’esprit de groupe, selon Mweemba.
« Tout part de la discipline, de la communication et du collectif. On défend à plusieurs, chacun connaît son rôle. Moi, j’essaie d’être concentrée, de lire le jeu, et de suivre les consignes à la lettre. » Face au Maroc (2-2), dans un stade acquis aux Lionnes de l’Atlas, elle a tenu la baraque. Un test mental qu’elle a passé haut la main.
« Ce match-là nous a poussées dans nos retranchements. Ils sont très bons techniquement et le public était chaud. J’ai tenu en me raccrochant à la préparation, à mes coéquipières, et en gardant notre ligne soudée. »Contre le Nigeria, neuf fois champion d’Afrique, les Copper Queens savent à quoi s’en tenir. Et elles n’ont pas peur.
« L’ambiance est très positive. On est calmes, concentrées et prêtes à tout donner. On se soutient les unes les autres et on sait pourquoi on est là. Même quand on ne croyait pas en nous, on a continué de bosser. Notre force, c’est notre unité. »
Une vocation, un devoir
Mweemba ne joue pas seulement pour gagner. Elle joue pour représenter. Son maillot, elle ne le met jamais à la légère.« La Zambie, c’est ma fierté. Porter ce maillot, c’est un honneur. Je pense aussi à toutes les petites filles qui nous regardent. Je veux qu’elles sachent que tout est possible si on travaille dur. »
Rien n’a été simple dans son parcours. Formée à Chibolya Queens, passée par Nkwazi, Green Buffaloes, puis des expériences à l’étranger (Kazakhstan, maintenant la Turquie), elle a appris à se forger.
« Le championnat local m’a préparée à l’intensité. Chaque match est un combat. Ça m’a appris à rester dure au mal et à m’adapter vite. »
Aujourd’hui, elle rêve d’un championnat plus relevé. « J’ai envie de progresser dans un championnat encore plus compétitif. J’y travaille. Avec de la régularité, je sais que l’opportunité viendra. »
Une patronne naturelle
En dehors des tacles et des duels, Mweemba s’impose par le calme et l’exemple. Elle ne fuit pas la responsabilité. « Je prends ce rôle très au sérieux. Je veux montrer la voie par le travail, l’humilité et la discipline. Mon message ? Croyez en vous. Ne laissez personne vous dire que vos rêves sont trop grands. »
À titre personnel, elle continue d’affiner son jeu : relance, placement, lecture des transitions… Elle veut devenir ce roc serein sur lequel un groupe peut s’appuyer.
La confiance de Nora Häuptle
La sélectionneuse Nora Häuptle ne tarit pas d’éloges sur sa numéro 5. « Lushomo a gagné en maturité. Elle n’est pas seulement une défenseure centrale, elle apporte un équilibre, une sérénité. Elle mérite totalement sa place dans l’équipe-type. »
« Dans les matches à élimination directe, on aura besoin de sa lucidité et de son intelligence tactique. Elle comprend parfaitement ce que demandent ces matchs. On lui fait confiance à 100 %. »
Contre le Nigeria, dans ce choc des quarts, Lushomo Mweemba sera une fois de plus l’ancre, le mur, et peut-être la clef pour permettre aux Copper Queens de continuer à rêver.