Nigeria-Botswana : la force tranquille face à l’urgence

Publié:

Jeudi soir, au stade Larbi Zaouli, deux trajectoires opposées vont se croiser. Le Nigeria, vainqueur tranquille de la Tunisie (3-0), avance vers les quarts avec son assurance tranquille. Le Botswana, battu d’entrée par l’Algérie (0-1), joue déjà sa survie. D’un côté, la puissance. De l’autre, la peur de sombrer trop vite. Entre les Super Falcons et les Mares, il y aura peu de place pour les nuances.

Malete dans l’urgence

Alex Malete n’élève pas la voix. Mais tout, dans son attitude, dit l’alerte. Sa sélection est sur le fil. « Contre le Nigeria, c’est une chance. Mais surtout une obligation. Il faut répondre. » Face à l’Algérie, ses joueuses ont manqué d’audace, de justesse, d’impact. Alors le coach a resserré les boulons. Bloc plus bas, transitions plus rapides, pertes de balle interdites. Et l’espoir que Tholakele, devant, fasse naître une étincelle.

La dernière fois que le Botswana a croisé le Nigeria en phase finale, c’était en 2022 à Rabat. Une leçon sèche (0-2), une possession famélique (26 %), et des visages fermés. « Depuis, on a mûri, assure Malete. Et ce Nigeria-là, même fort, n’est pas intouchable. »

Le calme d’un cador

En face, c’est un tout autre monde. Le Nigeria avance en patron. Pas besoin de forcer contre la Tunisie : une défense propre, un milieu étouffant, des attaques tranchantes. Et, derrière, une gardienne qui verrouille tout : Chiamaka Nnadozie, 23 ans, brassard au bras et sang-froid d’ancienne. Son style ? Minimaliste. Sa parole ? Rare. « On est concentrées sur notre mission. La Mission X. »

Pas d’envolées. Juste une volonté claire : reprendre le trône perdu en 2022. « Ce groupe vit bien, glisse-t-elle. On sait ce qu’on vaut. Même les nouvelles sont déjà dans le moule. » Avec elle, le Nigeria n’a encaissé aucun but sur ses cinq derniers matches de phase de groupes en CAN. Une digue. Et un signal.

Les Falcons ne s’enflamment pas

Justin Madugu, lui, ne gesticule pas. Pas besoin. Le sélectionneur nigérian sait ce qu’il a entre les mains : une équipe jeune – onze novices dans la liste – mais disciplinée, soudée, concentrée. « Le Botswana a du cœur, rappelle-t-il. Ce sera un match piège. »

Contre la Tunisie, ses changements ont fait mouche. Rinsola Babajide, entrée en seconde période, a plié l’affaire. Une gestion fine, saluée dans le vestiaire. « Il nous donne confiance, il nous donne de la clarté », dit Ucheibe. À Madugu de continuer à prouver que les techniciens locaux ont toute leur place tout en haut. Le dernier sacre signé d’un coach nigérian remonte à 2016. Une éternité à Lagos.

Boseja, la dernière sentinelle

Le Botswana, lui, doit s’accrocher. Le mental d’abord, la tactique ensuite. Sedilame Boseja le sait. La gardienne et la capitaine des Mares a été héroïque face à l’Algérie – six arrêts décisifs – mais a fini par plier. « On n’est pas là pour défendre pendant 90 minutes. On veut aussi créer. On veut vivre cette CAN. Pas juste la traverser. »

Après la défaite, Boseja refuse de céder. « Contre le Nigeria, ce sera difficile. Mais c’est dans ces matchs-là qu’on apprend le plus. Et qu’on peut surprendre. » Encore faut-il tenir. Et exister.

Le duel dans l’axe : Ucheibe – Tholakele

Le choc du milieu pourrait bien tout décider. Christy Ucheibe, la plaque tournante nigériane, sort d’un match impeccable. Peu de fautes, beaucoup d’interceptions, et une première relance toujours juste. En face, Refilwe Tholakele est l’unique menace constante du Botswana. Rapide, provocatrice, imprévisible. Si elle parvient à faire sortir Ucheibe de sa zone, les Mares peuvent espérer gratter des mètres.

Mais si la Nigériane verrouille, alors les espaces se refermeront comme un piège. Et les transitions du Botswana, déjà lentes, deviendront stériles.

Tout sauf un match neutre

Au-delà du classement, ce Nigeria-Botswana dit autre chose. Il dit la solidité d’un géant qui veut retrouver sa couronne, sans bruit, sans clinquant. Il dit la fierté d’un petit qui veut exister. Et la tension d’un moment où tout peut basculer.

Une victoire du Nigeria, et la première place du groupe sera quasiment acquise. Une défaite du Botswana, et ce sera presque la fin. « On veut juste sortir du terrain avec le sentiment d’avoir tout donné », murmure Boseja. Face aux Super Falcons, ce ne sera pas suffisant. Il faudra résister. Il faudra oser. Il faudra peut-être un miracle.