Quand Farid Benstiti se rappelle d'Asisat Oshoala

Avant d'affronter le Nigeria ce dimanche (20h00) à Casablanca, le sélectionneur de l’Algérie, Farid Benstiti, évoque avec émotion les retrouvailles avec Asisat Oshoala, qu’il avait fait venir en Chine. Une occasion aussi pour lui de revenir sur sa manière d’accompagner les joueuses africaines qu’il a entraînées à l’étranger.
« Elle faisait partie de ma famille »
Farid Benstiti n’a pas hésité une seconde lorsqu’on lui a demandé de parler d’Asisat Oshoala. À la veille d’un match décisif contre le Nigeria, le sélectionneur algérien s’offre une parenthèse personnelle, pleine d’émotion. « J’ai eu Asisat pendant deux ans en Chine. Je l’ai fait venir à Dalian Quanjian parce que je croyais en elle, en son potentiel, mais aussi parce qu’elle avait cette envie de progresser. »
Ce qui a suivi dépasse le simple cadre sportif. « Elle habitait près de chez moi. On allait manger ensemble. Elle faisait partie de ma famille, vraiment. J’ai tout fait pour qu’elle se sente bien, et en même temps je ne lui ai fait aucun cadeau à l’entraînement. Je lui ai demandé beaucoup, sur ses points forts comme sur ses faiblesses. »
Le résultat est connu : un départ vers le FC Barcelone et une trajectoire de star du football mondial. Mais c’est la dimension humaine qui reste. « Quand elle m’a dit qu’elle partait, je l’ai encouragée à foncer. On est toujours restés en contact. Je suis très fier d’elle. »
Une méthode d’accueil, une conviction
Ces retrouvailles avec Oshoala ravivent aussi chez Benstiti un souvenir plus large : celui de ses années passées à accompagner des joueuses africaines dans des clubs étrangers, entre Russie, France, Chine et États-Unis. « Quand une joueuse africaine arrive dans un nouveau pays, elle change de monde. C’est souvent une rupture culturelle, affective, émotionnelle. Moi, je n’ai jamais laissé ces joueuses livrées à elles-mêmes. »
Benstiti parle d’accueil, de cadre familial, de responsabilité. « Tu ne peux pas imaginer ce que c’est de tout quitter. J’ai toujours fait en sorte qu’elles se sentent intégrées, qu’elles aient un repère, qu’elles aient une voix. J’ai un profond respect pour elles. Je les aide à s’adapter, à se sentir bien. Ensuite, le travail peut commencer. »
Ce regard attentif, il le cultive aujourd’hui avec l’Algérie. Il ne revendique pas une méthode mais une exigence doublée d’une bienveillance sincère. « Je me concentre sur mes joueuses. Je veux qu’elles progressent, mais surtout qu’elles se sentent considérées. Ce n’est pas un discours, c’est une conviction. »
Nigeria, test majeur et symbole
Ce dimanche, son Algérie joue gros face à l’un des géants du continent. « Jouer contre le Nigeria, c’est une chance. Si on veut aller loin, il faut se frotter aux meilleures. Ce match, il nous fait grandir. » L’occasion est belle, aussi, de montrer que les Vertes ne sont pas là pour faire de la figuration. « Je ne fais pas de calculs. On joue pour gagner, pas pour attendre un miracle. C’est comme ça qu’on construit un vrai groupe. »
Entre ambition collective et émotion personnelle, Farid Benstiti abordera cette rencontre avec l’envie de surprendre. Et peut-être, dans un regard croisé sur la pelouse, retrouver un éclat de Chine dans les yeux d’Asisat Oshoala.