Sakina Ouzraoui Diki, la passeuse d’émotions

À 24 ans, Sakina Ouzraoui Diki est l’une des révélations de cette CAN Féminine CAF TotalEnergies 2024. Face au Ghana, en demi-finale, c’est elle qui a ramené le Maroc à hauteur, d’un tir puissant et précis en seconde période. C’est encore elle qui, quelques minutes plus tard, harangue ses coéquipières avant la séance de tirs au but, conclue sur une qualification arrachée (1-1, 4-2 t.a.b.). Une place en finale. La deuxième consécutive. Un autre rendez-vous avec l’Histoire. Et avec le Nigeria.
« Ce trophée de meilleure joueuse, il est pour l’équipe, confie-t-elle. Sans elles, je ne suis rien. Ce groupe donne tout sur le terrain. Je suis fière de ce qu’on fait. Et on ira au bout. »
Un talent façonné entre l’Europe et l’Afrique
Née en Espagne, grandi en Belgique, formée à Bruges, passée par les sélections U16 et U18 des Red Flames, Sakina Ouzraoui Diki est le produit d’une double culture. Sa vision du jeu s’est affinée au contact des écoles européennes, mais son cœur bat pour le Maroc. Une fusion de rigueur et de passion.
« La Belgique, ça m’a beaucoup appris. Ce n’était pas toujours facile, mais j’ai grandi. À Bruges, c’est là que j’ai compris ce que voulait dire être une professionnelle. Parfois titulaire, parfois sur le banc… Mais toujours prête. »
Depuis 2023, elle évolue à Tenerife, en Liga F. Dans les Canaries, elle a trouvé un équilibre. Et une confiance nouvelle, qu’elle transpose aujourd’hui sous le maillot marocain.
« Mon coach ici en sélection me donne énormément. Il croit en moi. Et je fais tout pour le lui rendre. J’essaie d’être meilleure, chaque jour. Inshallah, on gagnera cette finale. »
Une finale au goût particulier
Samedi, à Rabat, elle retrouvera des visages familiers. Rinsola Babajide, son actuelle coéquipière à Tenerife. Gift Monday, son amie et ancienne partenaire de club. Et surtout, le Nigeria, ce géant africain déjà croisé en 2022 (ndlr : victoire des Lionnes de l’Atlas 0-0; 5 tab 4. Cette fois-là, le Maroc s’était imposé aux tirs au but, en demi-finale. Deux ans plus tard, l’heure de vérité revient.
« J’ai beaucoup de respect pour le Nigeria, pour ses joueuses. Ce sont des battantes, mais nous aussi. On sera prêtes. Et j’ai une pensée pour Gift, qui n’est pas là. Elle mérite ce tournoi, mais c’est le football. »
Face au Ghana, les Marocaines ont su résister à la densité physique des Black Queens. Et Diki, encore, a su faire la différence dans le cœur du jeu. Jorge Vilda, le sélectionneur espagnol du Maroc, ne s’y trompe pas : « Elle a été décisive. Elle a su élever son niveau dans les moments clés. Cette victoire, elle l’a méritée. »
Une force intérieure et un cercle précieux
Ce qui frappe chez Sakina Ouzraoui Diki, au-delà de la qualité de passe ou du volume de course, c’est l’authenticité. Une joueuse sincère, connectée aux siens. Son moteur, elle le puise dans les encouragements de sa famille, dans la foi, dans son environnement affectif.
« Ma famille est tout pour moi. Ils m’ont toujours soutenue. Ce trophée, c’est aussi le leur. Sans eux, je ne serais pas là aujourd’hui. »
Et son mari, Nabil Chajari, complète : « Elle le mérite. Elle travaille dur. Et elle a un partenaire qui croit en elle, qui la pousse à toujours se dépasser. Elle a fait tout ça avec le cœur. »
Dernier acte à Rabat
Samedi soir, le Maroc jouera une deuxième finale d’affilée, face au Nigeria, neuf fois champion d’Afrique. Mais cette fois, les Lionnes de l’Atlas joueront à domicile. Avec un stade plein. Avec une joueuse comme Diki pour dicter le tempo. Et avec un rêve collectif devenu mission nationale.
Elle n’a pas besoin d’élever la voix. Son football parle pour elle. Sa trajectoire aussi. Celle d’une fille de la diaspora, revenue pour écrire un morceau de l’histoire du Maroc. Un geste juste, une passe dans l’espace, un but dans la tempête : Sakina Ouzraoui Diki, le fil rouge d’un Maroc qui croit à son sacre.