CAN U20 : L’œil d'Éric Chelle sur l’avenir

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Au pied des pyramides, les regards se tournent vers l’avenir. La CAN U-20 CAF

TotalEnergies, actuellement en Égypte, n’est pas seulement une compétition de jeunes talents, c’est un laboratoire du futur. Et parmi les observateurs les plus attentifs, Éric Chelle ne cache ni son enthousiasme ni ses ambitions. Le sélectionneur des Super Eagles du Nigeria, venu suivre les performances de l’équipe U-20, livre une analyse lucide et passionnée sur cette jeunesse qui, selon lui, est déjà « à la porte de la grande équipe nationale ».

« Ce n’a pas été un match facile »

Éric Chelle, silhouette calme mais regard pénétrant, a d’abord savouré la qualification des Nigérians à l’issue d’un nul accroché face au Kenya (2-2). « Je suis très content de la qualification de notre équipe U20. Ce n’a pas été un match facile, parce qu’il y avait une très bonne équipe en face », lance-t-il d’entrée. Le match, tendu et indécis, a montré des Nigérians fébriles en début de phase défensive, mais capables de réaction immédiate. « On a été à réaction sur ce match. À chaque fois qu’on a pris un but, l’équipe a bien réagi. »

La performance n’a pas été parfaite, Chelle le sait. Il pointe sans détour un déficit physique — « j’ai senti qu’on était un peu fatigués » — mais se refuse à noircir le tableau. « C’est vrai qu’on a eu du mal dans l’animation offensive, mais c’était un match très intéressant à regarder. »

Une vitrine d’avenir

Pour le technicien franco-malien, l’intérêt de ce tournoi dépasse largement le cadre des résultats. « U20, c’est 19 ans, 18 ans. Ce sont des joueurs qui, dans un an, voire deux ans, seront en équipe nationale A de leur pays. » Derrière cette remarque se cache une réalité bien connue des sélectionneurs africains : le vivier des talents se construit très tôt, et l’enjeu est d’identifier, d’accompagner, de structurer. Chelle assume pleinement cette mission.

Et pour cela, il n’est pas venu les mains dans les poches. « Il y a de bons joueurs dans cette équipe, il y en a aussi dans l’équipe du Kenya. Je pense que c’est bien de venir regarder. » Observer, noter, anticiper : la méthode est claire. Car, au fond, l’ambition est immense. « J’espère que le Nigeria va gagner le tournoi. Maintenant, ça ne va pas être facile du tout. Il y a de très bonnes équipes. Mais tous les qualifiés ont le droit d’être ambitieux et de vouloir gagner cette Coupe d’Afrique. »

Une CAF en progrès, saluée sans détour

Mais ce qui impressionne peut-être encore davantage Chelle, c’est le cadre global dans lequel évoluent les jeunes aujourd’hui. L’ancien défenseur, devenu technicien reconnu, n’est pas avare d’éloges sur la Confédération Africaine de Football : « J’ai été très surpris de voir des techniciens de la CAF dans les tribunes qui analysent les matchs. Je trouve que la CAF essaie de progresser, d’apporter des choses qui font que notre football en Afrique est en train de progresser. »

Il salue également l’usage de la VAR — « ça limite beaucoup de polémiques » — et la présence d’arbitres féminines, « une agréable surprise ». Pour Chelle, ces évolutions dessinent un football africain plus crédible, plus moderne, et surtout plus ambitieux. « Chaque année, il progresse. »

Et il ne s’arrête pas là. Il glisse même un clin d’œil appuyé aux équipes médias : « Vous avez bien progressé aussi. Non, sérieux, on a besoin pour notre continent de progresser dans tous ces domaines qui entourent le football, à la fois sur le terrain et en dehors du terrain. »

Une vision continentale affirmée

Derrière son ton posé, c’est une vision plus globale qui se dessine. Chelle ne se contente pas de porter le Nigeria : il porte l’Afrique. « On doit faire en sorte qu’on ait un football très intéressant, pour qu’on devienne le football numéro un. » La formule peut surprendre, mais l’argument est limpide. « La vérité, aujourd’hui, dans le monde entier, les joueurs africains sont les plus demandés. » La reconnaissance est là. Reste à bâtir l’écosystème.

Alors que les quarts de finale se profilent, le Nigeria avance avec l’ombre bienveillante de son sélectionneur senior, témoin et acteur d’un projet à long terme. Si les U-20 nigérians n’ont pas encore la rigueur collective d’une équipe rodée, ils ont déjà éveillé la fierté d’un technicien exigeant. Pour Chelle, l’avenir s’écrit dès maintenant, au Caire, dans la sueur des jeunes et sous les projecteurs d’un tournoi qui ne cesse de gagner en épaisseur.