Serigne Saliou Dia (Sénégal U-20) : “Gagner est difficile, mais rester au sommet l'est encore plus.”

Publié:

Sacré champion d’Afrique en 2023, le Sénégal U-20 aborde cette nouvelle édition de la Coupe d'Afrique des Nations CAF TotalEnergies avec un statut à défendre, mais dans un contexte bien différent. En deux ans, l’équipe a connu des évolutions majeures, marquées notamment par le départ de plusieurs cadres vers l’étranger et l’arrivée d’un nouvel entraîneur, Serigne Saliou Dia, chargé de poursuivre la dynamique victorieuse. 

Avec un effectif largement renouvelé, mêlant jeunes prometteurs issus des U-17 et nouveaux talents détectés au sein du championnat local, le Sénégal devra prouver qu’il reste la référence sur le continent. « Nous avons perdu environ 50 à 60 % de notre équipe championne, mais le pays dispose d’un vivier de talents impressionnant. Nous devons maintenant reconstruire un collectif solide et compétitif », explique le sélectionneur.

Placés dans un groupe relevé aux côtés du Kenya, de la Sierra Leone et de la Zambie, les Lionceaux devront composer avec la pression d’un statut de favori, tout en consolidant une identité de jeu cohérente. « Beaucoup nous attendent au tournant, mais nous devons rester humbles et travailler dur. Ce qui compte, c’est ce que nous montrerons sur le terrain », affirme Serigne Saliou Dia. À quelques semaines du début de la compétition en Côte d’Ivoire, il se confie sur les défis à relever, la gestion de la transition et l’objectif majeur : conserver le titre continental et décrocher une qualification pour la Coupe du Monde U-20.


Cafonline.com : Le Sénégal est dans le Groupe A aux côtés du Kenya, de la Sierra Leone et de la Zambie. Quelles sont vos impressions sur ce tirage ?

Serigne Saliou Dia : L'attente a été longue, et en matière de préparation, il est toujours précieux de connaître ses adversaires afin d'orienter notre travail. La Sierra Leone est une équipe que nous connaissons bien, notamment après notre confrontation en finale de la Coupe UFOA. C'est une formation vive, avec de belles individualités. Quant à la Zambie, nous avons disputé un match amical l'année dernière et ils nous avaient battus lourdement (5-2). Enfin, le Kenya est un néophyte dans la compétition, mais aujourd'hui, le football se développe partout, et chaque nation s'organise pour construire une équipe compétitive.

C'est un groupe très relevé, avec des équipes anglophones qui ont leurs propres caractéristiques et leur style de jeu. Mais nous avons nos arguments et nous ferons tout pour sortir de cette poule.

Vous aborderez la compétition en tant que champions d'Afrique en titre, ce qui fait du Sénégal l'un des favoris. Comment gérez-vous cette pression ?

Nous l'aborderons avec beaucoup de sérénité et d'humilité. Le football évolue rapidement : gagner aujourd'hui ne garantit pas le succès demain. L'essentiel est de garder les pieds sur terre et de comprendre que tout se joue sur le terrain, grâce à un travail acharné.

Nous avons des joueurs talentueux capables de réaliser de belles performances, mais nous devrons rester fidèles à nos valeurs et faire preuve d'humilité. Nous savons que nous serons attendus et que beaucoup pensent que le Sénégal doit encore gagner. Mais nous avons toujours faim de victoires et nous voulons continuer à briller, ce qui passe par beaucoup de travail et de sacrifices.

Comment préparez-vous ce tournoi ?

La préparation est déjà en cours. Nous avons perdu de nombreux joueurs, environ 50 à 60 % de l'équipe, qui sont partis à l'étranger. C'est le fonctionnement du football en Afrique : dès qu'un joueur s'illustre, il est repéré par des clubs européens.

Malgré cela, nous avons un vivier important de talents au Sénégal. Nous sommes en train de restructurer l'équipe avec des jeunes prometteurs, dont certains étaient avec les U17. Nous prévoyons aussi des matchs amicaux, éléments essentiels pour accumuler de l'expérience et apprendre à gérer la pression de la compétition.

Le Sénégal excelle dans la formation des jeunes. Qu'est-ce qui fait la force de votre football ?

Le travail de fond. Même dans les villages les plus reculés, on trouve des jeunes qui s'entraînent avec passion. Les écoles de football et les académies, comme celles de Diambars ou Sacré Cœur, affinent la formation. Beaucoup de jeunes jouent régulièrement dans des compétitions de haut niveau, ce qui leur permet de progresser rapidement.

En outre, la Fédération met à disposition des infrastructures de qualité et nous pouvons préparer nos équipes pendant plusieurs mois. Enfin, la continuité est essentielle : la fédération et le staff sont en place depuis longtemps, ce qui permet d'avoir une vision stable et cohérente.

Vous avez évoqué la migration des talents vers l'Europe. Craignez-vous de ne pas avoir l'effectif souhaité pour la CAN U-20 ?

Ce phénomène touche toutes les équipes africaines. Nos jeunes ont l'âge de partir en Europe, et les agents sont toujours à l'affût des talents.

Pour pallier ces départs, nous travaillons avec un effectif élargi de 160 joueurs, classés par ordre de préférence. Ainsi, si un joueur part, nous avons une solution de remplacement prévue.

Quelles sont les différences entre le Sénégal vainqueur il y a deux ans et votre équipe actuelle ?

Il n'y a pas de différences majeures en termes de parcours. L'équipe précédente comptait plusieurs joueurs expérimentés évoluant en Ligue 1 locale. Cette année, nous avons davantage de jeunes en formation. Nous devons trouver les stratégies pour compenser ce manque d'expérience.

Quels sont vos objectifs pour la CAN U-20 en Côte d'Ivoire ?

Notre but est de prendre du plaisir et de développer nos joueurs. Nos catégories U-17 et U-20 sont des tremplins pour fournir à l'équipe A des joueurs déjà aguerris. Nous voulons former des joueurs compétitifs et capables de s'imposer au plus haut niveau.

Cette compétition sert aussi de qualification pour la Coupe du Monde U20 au Chili. Comment gérez-vous cet enjeu supplémentaire ?

Jouer toutes les compétitions est crucial pour l'expérience de nos jeunes. Pour se qualifier au Mondial, nous devons atteindre au minimum les demi-finales. Nous arrivons en tant que favoris et nous nous donnons les moyens de réussir.

Notre premier objectif est la qualification pour la Coupe du Monde. Ensuite, nous viserons un nouveau titre africain. Gagner est difficile, mais rester au sommet l'est encore plus. Nous travaillons dur pour cela.