Serigne Saliou Dia (Sénégal U20) : « Nos joueurs ont retrouvé l’âme »

Sénégal - Nigeria, un parfum de revanche, une affiche qui sent la sueur, la fierté et les souvenirs. Lundi, à Ismaïlia, les Lionceaux du Sénégal défieront les Flying Eagles du Nigeria pour une place dans le dernier carré de la Coupe d’Afrique des Nations U20 CAF TotalEnergies, Égypte 2025. Et avant cette confrontation à haute intensité, le sélectionneur sénégalais, Serigne Saliou Dia, refuse le fatalisme : « Nos joueurs ont retrouvé l’âme. »
« Ce groupe est né dans la difficulté »
Le visage est calme, mais les mots trahissent une tension contenue. Le Sénégal est un champion en quête de certitudes. Accrochés par la République centrafricaine (1-1), battus par le Ghana (0-1), les Lionceaux sont passés tout près de la sortie de route. Il a fallu une réaction d’orgueil contre la RD Congo (2-0) pour éviter la débâcle. Mais pour Serigne Saliou Dia, ces turbulences ont été salutaires. « Ce groupe est né dans la difficulté. Il fallait passer par cette tempête pour mesurer notre solidité. On s’est remis en question, on a resserré les liens. »
Le technicien sénégalais, ne cherche pas à masquer les failles. Il les assume. Mieux : il les utilise comme moteur. « J’ai senti un déclic dans les yeux des garçons à l’échauffement contre la RD Congo. On n’était plus dans le doute. On était dans le combat. »
Un duel aux allures de classique
Sénégal - Nigeria. Ce n’est pas un quart de finale comme les autres. C’est une page de l’histoire récente de la compétition qui se réécrit. En 2015, déjà, les deux nations s’étaient retrouvées en finale à Dakar. Le Nigeria l’avait emporté 1-0 dans un stade Léopold-Sédar-Senghor glacé de déception. Depuis, les générations ont changé, mais la rivalité demeure. Et les ambitions restent intactes.
« C’est un choc d’ADN. Deux équipes formées à l’école de l’intensité, de la verticalité, de la fierté nationale. Mais cette fois, on veut écrire notre propre version de l’histoire. »
Du côté du Nigeria, Aliyu Zubair, l’expérimenté sélectionneur, n’a pas perdu sa confiance malgré des performances en demi-teinte en phase de groupes. Les Flying Eagles ont dominé la Tunisie (1-0), accroché le Maroc (2-2), mais ont calé face au Kenya (2-2), déjà éliminé. Pourtant, le danger est bien réel, avec un Lawrence Ouma en forme et une animation offensive qui peut faire exploser n’importe quelle défense.
Côté sénégalais, le sélectionneur a fait des choix forts. Exit les certitudes de départ, place à une remise à plat tactique. Cheikh Tidiane Thiam, repositionné plus bas, a stabilisé l’entrejeu. Ibrahima Dieng, lui, a retrouvé sa justesse devant le but. Mais c’est dans la tête que la vraie bascule a eu lieu, selon Dia : « On a beaucoup travaillé sur la psychologie. Quand les jambes ne répondent plus, c’est la tête qui doit prendre le relais. Je leur ai dit : ce match contre la RD Congo, c’est un huitième de finale. Et ils l’ont gagné comme tel. »
Une équipe en construction, un titre à défendre
Champion en titre, le Sénégal sait qu’il est attendu. Chaque match est une cible. Mais pour Serigne Saliou Dia, ce statut ne doit pas être un poids. « Le titre n’appartient à personne. Il faut le reconquérir à chaque édition. » Et si ses jeunes Lions ont parfois montré des signes de fébrilité, ils ont aussi prouvé qu’ils savaient relever la tête.
Depuis le début du tournoi, le staff sénégalais a misé sur une préparation intense, jalonnée de matchs amicaux, notamment contre la RD Congo avant le coup d’envoi de la compétition. L’objectif ? Créer une équipe avant de chercher un palmarès. « Cette CAN, c’est un révélateur. Pas juste une vitrine. »
Ce lundi à 12h GMT, tout se jouera dans les détails. Dans les duels, dans la gestion des temps faibles, dans la lucidité au moment de conclure. Le Nigeria viendra avec son expérience, sa tradition de gagnant, et l’envie d’asseoir sa domination continentale. Le Sénégal, lui, s’avance avec une foi renouvelée. « J’ai vu mes joueurs se relever. J’ai vu dans leur regard ce qu’on appelle la fierté de porter le maillot. Alors, oui, on est prêts. »
Pas besoin d’en dire plus. Le reste se fera sur la pelouse d’Ismaïlia, entre deux géants du football africain en devenir.