Anne-Marie Nguessan : L'architecte de l'image des Éléphants

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Tout au long du mois de mars, Cafonline.com mettra à l’honneur des figures féminines qui contribuent à façonner le football africain.

Dans l'ombre des projecteurs qui ont illuminé les exploits des Éléphants de Côte d'Ivoire à la Coupe d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies, une femme a œuvré avec discrétion et détermination pour façonner l'image de l'équipe nationale. Anne-Marie Nguessan, responsable de la communication de la Fédération Ivoirienne de Football et Team Media Officer des Éléphants, incarne le professionnalisme, le calme et l'abnégation. Toujours posée, elle veille à la cohérence du discours médiatique, anticipe les moindres crises et s'assure que l'information circule avec justesse et transparence.

Son engagement va bien au-delà des mots. Chaque décision prise, chaque conférence organisée, chaque message diffusé porte la marque de son dévouement et de son amour pour le football ivoirien. Dans un milieu encore largement dominé par les hommes, elle s'est imposée par la force de son travail et la qualité de son expertise, devenant une référence en matière de communication sportive en Afrique.

Rencontre avec une femme qui façonne l’image du football ivoirien avec passion et rigueur.


Quelles sont vos principales responsabilités en tant que responsable de la communication de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire ?

Tout d’abord, je tiens à remercier la Confédération Africaine de Football pour cette belle opportunité de m’exprimer. J’en profite également pour témoigner toute ma gratitude au président de la Fédération Ivoirienne de Football, Yacine Idriss Diallo, qui m’a accordée sa confiance en me nommant à ce poste.

Ma mission consiste à gérer l’ensemble de la communication autour de l’équipe nationale. Cela implique notamment la gestion des relations avec les médias, qu’ils soient locaux ou internationaux, ainsi que la préparation et la diffusion des informations officielles concernant notre sélection. J’ai également la charge d’organiser les conférences de presse d’avant et d’après-match et de superviser le contenu diffusé sur nos différentes plateformes de communication. Par ailleurs, j’accompagne les joueurs et les membres du staff dans leur communication lors des rassemblements.

En somme, mon rôle est de veiller à ce que l’image de l’équipe nationale soit positive et cohérente.

Vous faites partie des rares femmes occupant ce type de poste au sein d’une équipe masculine. Quels défis avez-vous dû relever pour vous imposer dans cet environnement ?

Je ne me suis jamais définie en fonction de mon genre. À mes yeux, ce qui prime avant tout, ce sont les compétences. J’ai été nommée à ce poste non pas parce que je suis une femme, mais parce que je possédais les qualifications nécessaires pour mener à bien cette mission.

Le président de la Fédération Ivoirienne de Football a estimé que mon parcours en tant que journaliste professionnelle me permettait d’assumer cette responsabilité. Mon objectif a toujours été de faire valoir mes compétences et de montrer mon savoir-faire dans ce domaine, sans chercher à me distinguer simplement en tant que femme.

En tant que responsable de la communication, avez-vous trouvé difficile de maintenir un équilibre entre la gestion de l’image publique de l’équipe et la réalité en coulisses, notamment lors du départ de Jean-Louis Gasset ?

Ce fut une période délicate pour toute l’équipe. Jean-Louis Gasset a accompli un excellent travail depuis son arrivée en Côte d'Ivoire. Son départ, à la suite d’une lourde défaite, (ndlr : 4-0 contre la Guinée équatoriale) a été un moment difficile.

Nous savions qu’en tant qu’entraîneur, il comprenait les exigences du métier : lorsque les résultats sont bons, tout va bien, mais en cas de contre-performance, il est souvent le premier à en payer le prix. Durant cette transition, nous avons dû faire preuve de professionnalisme et mettre nos émotions de côté. Nous avons veillé à ce que la communication demeure fluide et maîtrisée, afin de préserver la stabilité de l’équipe.

Selon vous, en quoi le fait d’être une femme influence-t-il votre manière de travailler et d’interagir avec les joueurs et le staff technique ?

Certes, les joueurs et le staff voient une femme, mais avant tout, ils perçoivent une professionnelle compétente, capable d’accomplir la mission qui lui a été confiée.

Il est vrai que, peut-être, en tant que femme, j’apporte une sensibilité différente dans mon approche. Mais au final, ce qui compte, c’est mon engagement, mon sérieux et ma capacité à répondre aux attentes de la Fédération, de l’encadrement technique et des joueurs.

Quelle est votre plus grande fierté dans l’exercice de vos fonctions ?

Ma plus grande fierté est d’avoir contribué à la professionnalisation de la communication de l’équipe nationale. Mais, au-delà de cela, participer à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2023 en Côte d’Ivoire a été une expérience marquante.

En tant que chef de projet au sein du Comité d’Organisation de la CAN (COCAN) et officier média de la Fédération, j’ai eu la chance de jouer un rôle clé dans cet événement majeur. Malgré les défis rencontrés, nous avons réussi à gérer les périodes de crise avec professionnalisme. La victoire de notre équipe à domicile a été l’aboutissement d’un travail collectif mené avec rigueur, foi et solidarité, valeurs que notre président Yacine Idriss Diallo a su insuffler à tous les membres de l’équipe nationale.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles souhaitant intégrer le milieu du sport et, plus particulièrement, celui de la communication ?

Le premier conseil que je donnerais est de cultiver la passion. Sans passion, il est difficile d’avancer dans ce milieu exigeant. Il faut également développer ses compétences, car c’est la maîtrise du métier qui permet de se faire une place.

Il ne s’agit pas d’attendre des opportunités sous prétexte que l’on est une femme. Il faut travailler, s’imposer par son talent et son professionnalisme, et ne jamais chercher à obtenir un poste par simple considération de genre. Ce qui fait avancer, c’est le travail et la persévérance.

Il est aussi essentiel de croire en soi, de ne jamais abandonner malgré les obstacles. Le monde du sport est encore largement masculin, mais cela ne signifie pas que les femmes ne peuvent pas y exceller. L’important est de faire en sorte que l’on ne vous définisse pas par votre genre, mais par la qualité de votre travail. Ce sont vos résultats qui parleront pour vous.

Enfin, j’encourage toutes les jeunes femmes à s’intéresser aux métiers du sport, car leur présence y est précieuse. Nous avons cette capacité à apporter une touche unique, une approche différente, et c’est ce qui fait notre force.