Amadou Cissé (USFAS) :« Affronter les meilleures équipes du continent représente un défi particulièrement stimulant. »

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  • L’USFAS devient le nouveau porte-étendard du football féminin malien après avoir remporté le tournoi qualificatif de l’UFOA-A à Dakar.
  • Solidaires et disciplinées, les militaires ont dominé la zone UFOA A en battant les favorites locales et en affichant une maîtrise collective remarquable.
  • L’entraineur Amadou Cissé se confie à CAFOnline.com

Il y a des qualifications qui valent bien plus qu’un simple billet pour une phase finale. Celle de l’USFAS, championne de la zone UFOA A, appartient à cette catégorie. Sur les terrains de Dakar, le club des Forces Armées et de Sécurité du Mali a imposé son autorité, son sérieux et sa discipline pour s’ouvrir les portes de la Ligue des Champions Féminine de la CAF 2025. Face à des adversaires aguerries comme les Aigles de la Médina du Sénégal ou les Determine Girls du Libéria, les joueuses d’Amadou Cissé ont bâti leur succès sur une rigueur collective et une force mentale à toute épreuve.

À Bamako, cette qualification a des allures de tournant. Longtemps dominé par l’AS Mandé, le football féminin malien découvre une nouvelle dynamique, plus compétitive, plus ouverte : “le manque de concurrence sur le plan national limitait la compétitivité du championnat. Aujourd’hui, les choses ont changé : nous avons cinq ou six bonnes équipes qui se disputent les titres., confie Cissé, conscient du pas franchi par son équipe mais aussi du niveau d’exigence qui les attend.

Dans un effectif encore amputé de plusieurs internationales retenues en sélection A, Amadou Cissé avance avec prudence, sans jamais perdre de vue l’essentiel. Humilité, ambition et sens du devoir guident sa démarche à l’approche de la Ligue des Champions Féminine de la CAF. Première sur la ligne de front, l’USFAS veut défendre les couleurs du Mali avec dignité, tout en démontrant que le football féminin malien a désormais sa place parmi les grandes puissances du continent. Le technicien l’explique dans cet entretien accordé à CAFOnline.com.



CAFOnline.com  : Coach, vous allez participer à votre première Ligue des Champions Féminine de la CAF. Quel regard portiez-vous sur cette compétition lorsque vous la suiviez en tant que spectateur ?
Amadou Cissé : C’est une très belle compétition, qui regroupe les meilleures équipes d’Afrique, les clubs champions de chaque pays. Le niveau est très élevé. J’ai suivi les éditions précédentes et j’ai trouvé que c’était une belle réussite. C’est vraiment un tournoi que j’ai beaucoup apprécié, et y participer aujourd’hui est une grande fierté.

Comment jugez-vous l’état d’avancement de votre équipe avant la Ligue des Champions 2025 ?
La préparation a bien commencé, mais elle est un peu ralentie. Beaucoup de nos joueuses sont actuellement avec l’équipe nationale A, qui dispute la dernière phase des éliminatoires de la Coupe d’Afrique féminine. Cela représente presque la moitié de mon effectif. Pour l’instant, je travaille avec un groupe réduit. Dès que les internationales reviendront, nous pourrons vraiment finaliser notre préparation, d’autant que la phase finale de la Ligue des Champions approche à grands pas.

Dans quel état d’esprit se trouve votre groupe à quelques jours du début de la compétition ?
Les joueuses sont dans un excellent état d’esprit. Elles sont motivées, enthousiastes et conscientes de vivre une première historique pour le club. Déjà, la qualification à travers le tournoi UFOA A était une découverte. Cette Ligue des Champions l’est encore plus. Elles ont hâte de découvrir ce niveau continental.

Vous évoquez cette excitation et la confiance acquise pendant les qualifications. Comment gérez-vous ces deux sentiments avant d’aborder le tournoi ?
Ce sont deux aspects très importants. Mais il faut savoir les contrôler. Trop d’excitation peut déséquilibrer le groupe, tout comme un excès de confiance peut être dangereux. Nous essayons donc de rester concentrés, dans notre bulle, en gardant un bon état d’esprit. L’idée, c’est d’être motivés et confiants, mais dans la juste mesure, pour bien aborder chaque match.

Vous allez maintenant affronter les meilleures équipes du continent. Comment percevez-vous ce défi ?
C’est très stimulant ! C’est une expérience nouvelle pour le club et pour moi personnellement. Nous allons affronter les championnes des autres zones régionales, ce qui signifie un niveau encore supérieur à celui du tournoi de Dakar. Nous savons que ce sera difficile, et nous devons être prêts dès les premières minutes. L’objectif est de bien nous préparer pour rivaliser avec ces équipes.

Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour cette première participation à la Ligue des Champions ?
Nous abordons cette compétition avec humilité. L’objectif principal est de découvrir, d’apprendre, et de donner le maximum. Si nous parvenons à bien démarrer le tournoi, nous avons nos chances de sortir de la phase de groupes. Ensuite, nous verrons jusqu’où nous pourrons aller.

Le Mali a déjà été représenté par AS Mandé dans cette compétition. Comment analysez-vous l’évolution du football féminin au Mali et en Afrique ?
Effectivement, l’AS Mandé a longtemps représenté le Mali. Mais le manque de concurrence sur le plan national limitait la compétitivité du championnat. Aujourd’hui, les choses ont changé : nous avons cinq ou six bonnes équipes qui se disputent les titres. Cela renforce le niveau global du championnat et prépare mieux les clubs aux compétitions internationales.
Sur le plan continental, le football féminin africain a énormément progressé. Nos joueuses sont désormais capables de rivaliser avec des équipes européennes ou sud-américaines. Beaucoup évoluent dans de bons clubs à l’étranger, ce qui prouve que le travail paie et que l’écart se réduit.

Cette édition de la Ligue des Champions est particulière, puisque le vainqueur sera qualifié pour la première Coupe des Championnes de la FIFA, prévue en Angleterre. Comment voyez-vous cette perspective mondiale ?
C’est une excellente initiative. Comme chez les hommes, cela donnera à nos filles l’occasion de se mesurer à des clubs comme Lyon, Chelsea, Barcelone ou encore des équipes américaines. Ce sera un nouvel horizon, une opportunité unique d’acquérir de l’expérience. Le début sera sans doute difficile, mais à long terme, l’Afrique pourra rivaliser avec ces grandes équipes. Cela donnera un immense élan au développement du football féminin sur notre continent.

Sur un plan plus personnel, quel sentiment ressentez-vous à l’idée de participer à cette Ligue des Champions Féminine de la CAF ?
C’est une immense fierté. Dans ma jeune carrière, participer à une Ligue des Champions, c’est un rêve qui devient réalité. Il y a beaucoup d'émotions, de reconnaissance, et une vraie envie d’apprendre. Représenter son pays dans une telle compétition, côtoyer les meilleurs entraîneurs du continent, affronter les meilleures équipes, c’est très enrichissant. Je suis fier de mes joueuses qui ont permis à l’USFAS d’écrire cette page d’histoire.

Enfin, un mot pour vos supporters ?
Nos supporters sont nos « douzièmes hommes ». Ils ont toujours été d’un grand soutien. Grâce à eux, nous avons réussi le doublé Coupe-Championnat en septembre, ce qui nous a permis de nous qualifier pour le tournoi UFOA A. À notre retour de Dakar, leur accueil à l’aéroport a été incroyable. Même s’ils ne pourront pas tous se déplacer pour la Ligue des Champions, nous savons qu’ils seront de cœur avec nous. Leurs messages et leur énergie nous donneront de la force. Nous leur promettons de tout donner, de mouiller le maillot pour eux et pour le club.