Mohamed Amine Alioua (AS FAR) : “Nous avons le même objectif depuis 2022 : gagner !”
- L’AS FAR disputera sa cinquième Ligue des Champions Féminine de la CAF , un record
- Finaliste malheureux de la Ligue des Champions Féminine 2024 face au TP Mazembe, les Militaires veulent transformer cette désillusion en moteur de succès.
- Leur entraîneur, Mohamed Amine Alioua, incarne cette dynamique de renouveau et d’exigence qui anime le football marocain sur la scène continentale.
Porté par le vent du renouveau, le football marocain traverse l’un des moments les plus fastueux de son histoire. Le triomphe des Lionceaux U20 au Mondial au Chili a insufflé une énergie nouvelle à tout un pays, confirmant que la vision à long terme amorcée par la Fédération royale marocaine de football porte ses fruits. À tous les étages — des sélections jeunes aux clubs, des hommes aux femmes — une même fierté s’exprime : celle d’un football marocain conquérant, audacieux et désormais respecté sur la scène mondiale.
Dans cette atmosphère de réussite, l’AS FAR s’apprête à écrire un nouveau chapitre. Finaliste de la dernière Ligue des Champions Féminine de la CAF, le club a connu l’amertume d’une défaite sur ses terres face au TP Mazembe (1-0), au terme d’une finale pleine d’intensité. Ce revers, loin de briser leur élan, a agi comme un électrochoc. Sous la houlette de Mohamed Amine Alioua, les Militaires se sont réinventés : travail sur la rigueur défensive, efficacité offensive retrouvée, et surtout, un état d’esprit forgé par la volonté de redonner au public marocain une revanche continentale.
Alioua sait qu’il dirige une équipe en mission. Dans le sillage de la réussite du football marocain, il veut faire de l’AS FAR un symbole de continuité et d’excellence. « Nous voulons être à la hauteur de cette nouvelle dynamique nationale », répète-t-il, conscient que son équipe a désormais les moyens d’écrire l’histoire.

CAFOnline.com : Avec trois participations actées en Ligue des Champions Féminine de la CAF de votre part, que représente cette compétition pour vous ?
Mohamed Amine Alioua : Déjà, ça te montre que tu joues sur le haut niveau, bien sûr le top niveau sur le plan continental. Ça te donne une motivation, pas seulement pour gagner des titres, mais pour continuer à progresser. C’est ma quatrième participation, Alhamdoulilah, et sur toutes, on a pu être sur le podium : soit champion, soit vice-champion, soit médaille de bronze. Ce genre de compétition te donne la sensation que tu es sur la bonne voie. Avec tout le staff, l’équipe et l’entité, on a accompli un très bon travail.
Cette saison va être un peu spéciale parce qu’elle sera qualificative pour la première Coupe des Championnes de la FIFA.
L’AS FAR va disputer sa cinquième participation, avec déjà quatre podiums. Comment expliquez-vous cette constance au plus haut niveau ?
Sincèrement, c’est un projet de club. Et surtout, dans notre pays, le Maroc, il y a un vrai dynamisme autour du football en général, mais particulièrement du football féminin. L’AS FAR règne au Maroc depuis 2012.
À un moment donné, gagner le championnat et la Coupe du Trône ne suffisait plus. On s’est dit qu’il fallait briller aussi sur le plan continental. Lors de la première participation en Égypte, on a gagné la médaille de bronze. Chaque édition, on part avec l’idée de tout gagner. On a une excellente gestion du comité, une très bonne qualité de joueuses. Il n’y a pas de secret, juste du travail, de la passion et le rêve d’être les meilleurs.

Vos meilleurs résultats ont été obtenus à domicile : victoire en 2022, finaliste en 2023. En revanche, à l’extérieur, c’est souvent la médaille de bronze. Comment l’expliquez-vous ?
Pour la première édition en Égypte, je n’étais pas encore le coach. Je te parle donc de celle de Côte d’Ivoire. On a perdu contre les Mamelodi Sundowns (1-0) en demi-finale, une équipe redoutable.
Ce que peu de gens savent, c’est qu’avant la Ligue des Champions en Côte d’Ivoire, j’avais 80 % de mon équipe avec la sélection nationale pour les éliminatoires des Jeux Olympiques. On a souffert de blessures aussi : Sanaa Mssoudi qui s’était rompue les ligaments.
Contre Ampem Darkoa, on a fait une très bonne première mi-temps, mais en seconde, les filles étaient épuisées. La capitaine est même venue me dire : « Coach, ne nous blâme pas, on est trop chargées. » En demi-finale, on a affronté les Sud-africaines, et tout le monde connaît leur qualité.
Lors de la dernière finale, vous avez perdu face à Mazembe. Comment avez-vous digéré cette défaite et quelles leçons en avez-vous tirées ?
C’était un très mauvais souvenir. Le pire, sincèrement. On était si proches d’un deuxième sacre, mais on n’avait qu’une dizaine de joueuses valides. Une semaine avant la compétition, deux blessures majeures avec l’équipe nationale ont tout bouleversé.
Cette défaite m’a laissé beaucoup d’amertume. Mais c’est dans la défaite qu’on apprend. La leçon, c’est qu’il faut un groupe élargi, un bon recrutement et une meilleure gestion des émotions.
C’est ce qu’on a fait cette saison. On a renforcé l’effectif, surtout offensivement. Les équipes subsahariennes ont la vitesse et la puissance, nous, on compense par la technique et la tactique. Aujourd’hui, on a un groupe plus complet que l’an dernier.

Quels sont les objectifs de l’AS FAR pour cette 5e édition ?
Le même qu’en 2022, qu’en 2023 et qu’en 2024 : gagner chaque match. Je l’ai toujours dit, si tu gagnes chaque match, tu vas forcément loin.
Cette édition est qualificative pour le Trophée des Champions. Ce sera une vraie bataille, mais on espère être la première équipe africaine à obtenir ce privilège, Incha’Allah.
Justement, la Coupe des Championnes de la FIFA approche. L’équipe africaine devra disputer un barrage dès décembre. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Si tout se passe bien et qu’on gagne la Ligue des Champions, ce sera une compétition d’une autre dimension.
La Ligue des Champions africaine servira de pont vers cette Coupe des Championnes. On aura l’occasion d’affronter les meilleures équipes d’Europe, d’Amérique du Sud ou latine. C’est un grand challenge, mais aussi une immense opportunité de représenter l’Afrique.
Au Maroc, il y a une dynamique énorme. Participer ne suffit plus, il faut viser les titres.
Enfin, un mot pour vos supporters ?
Depuis le début, j’ai dit qu’il y avait quatre piliers : la vision du club, le management du comité, la qualité des joueuses, la stabilité technique – c’est ma cinquième saison –, et surtout, le public.
Notre public est notre capital. Il est passionné, fidèle, et même quand on joue à l’extérieur, les tribunes sont pleines. Ils mettent la même pression sur la section féminine que sur l’équipe masculine, et ça, c’est une force incroyable.
On va tout donner sur le terrain pour rendre fiers nos supporters, nos familles et le club tout entier.
